1.
Toutes les salles se ressemblaient, étaient d'anciennes caves, de quatre mètres sur cinq, qu'on avait enduites au ciment et aménagées en réfectoires; mais l'humidité crevait la peinture, les murailles jaunes se marbraient de taches verdâtres; et, du puits étroit des soupiraux, ouvrant sur la rue, au ras du trottoir, tombait un jour livide, sans cesse traversé par les ombres vagues des passants
2.
Adossé contre le mur, Deloche, bourré de pain, digérait en silence, les yeux levés sur le soupirail; et sa récréation, tous les jours, après le déjeuner, était de regarder ainsi les pieds des passants qui filaient vite au ras du trottoir, des pieds coupés aux chevilles, gros souliers, bottes élégantes, fines bottines de femme, un va-et-vient continu de pieds vivants, sans corps et sans tête
3.
Des couronnes de perles, un gros bouquet de roses blanches, couvraient le cercueil, un cercueil étroit de fillette, posé sur l'allée obscure de la maison, au ras du trottoir, si près du ruisseau, que les voitures avaient déjà éclaboussé les draperies
4.
Elle se rappelait seulement que la fabrique était près d'un magasin de chiffons et de ferraille, une sorte de cloaque ouvert à ras de terre, où dormaient pour des centaines de mille francs de marchandises, à ce que racontait Goujet
5.
Goujet riait; il lui expliqua que tout le monde l'appelait le petit Zouzou, parce qu'il avait des cheveux coupés ras, pareils à ceux d'un zouave
6.
Leurs grandes ombres dansaient dans la clarté, les éclairs rouges du fer sortant du brasier traversaient les fonds noirs, des éclaboussements d'étincelles partaient sous les marteaux, rayonnaient comme des soleils, au ras des enclumes
7.
Mais la vive lumière les éblouissait, ils regardaient au ras de l'horizon plat les lointains crayeux des faubourgs, ils suivaient surtout la respiration du mince tuyau de la scierie mécanique, qui soufflait des jets de vapeur
8.
De longues affiches, collées sur des panneaux de bois, se trouvaient posées par terre, au ras du ruisseau
9.
Les lanternes des surveillants dansaient au ras du sol
10.
Il était six heures, la nuit achevait de tomber du ciel noir sur la campagne blanche; mais un reflet pâle, d'une mélancolie affreuse, demeurait au ras de la terre, éclairant la désolation de ce pays ravagé
11.
Le meurtre était décidé, il leur sembla qu'ils ne marchaient plus, qu'une force étrangère les portait au ras du sol
12.
Une haleine blanche en sortait, inépuisable, roulant d'épais tourbillons au ras du sol; pendant que, du foyer, les braises tombées, rouges comme le sang même de ses entrailles, ajoutaient leurs fumées noires
13.
Puanteur vague encore, douceur écoeurante d'humidité, traînant au ras du sol
14.
Le soleil, au ras des coteaux de Suresnes, était si bas sur l'horizon, que leurs ombres colossales tâchaient la blancheur du monument, très-haut, plus haut que les statues énormes des groupes, de deux barres noires, pareilles à deux traits faits au fusain
15.
Elles se détachaient en noir sur les fumées rousses du ciel, tandis que des torchons de nuages sales couraient, presque au ras des toitures, comme accrochés et déchirés à la pointe des paratonnerres
16.
Le soleil, au ras des toits, mettait des rayons roses, des nappes tombantes qui touchaient déjà les pavés
17.
Telle était en effet, dans cette petite cabane, la différence de température entre le ras du plancher et un mètre au-dessus
18.
Sa mâture fut visible un instant, mais il ne pouvait apercevoir le Nautilus, trop ras sur l'eau
19.
Je dois dire que, dans l'eau, leur élément par excellence, ces animaux à l'épine dorsale mobile, au bassin étroit, au poil ras et serré, aux pieds palmés, nagent admirablement
20.
Le soleil, glissant ses derniers rayons sous la masse des nuages amoncelés, ornait d'une crête d'or les moindres accidents du sol : arbres gigantesques, herbes arborescentes, mousses à ras de terre, tout avait sa part de cette effluve lumineuse ; le terrain, légèrement ondulé, ressautait ça et là en petites collines coniques ; pas de montagnes à l'horizon ; d'immenses palissades broussaillées, des haies impénétrables, des jungles épineux séparaient les clairières où s'étalaient de nombreux villages ; les euphorbes gigantesques les entouraient de fortifications naturelles, en s'entremêlant aux branches coralliformes des arbustes
21.
On devait faire une halte prolongée, et l'aérostat serait soigneusement passé en revue ; la flamme du chalumeau fut modérée ; les ancres lancées au dehors de la nacelle vinrent bientôt raser les hautes herbes d'une immense prairie ; d'une certaine hauteur, elle paraissait couverte d'un gazon ras, mais en réalité ce gazon avait de sept à huit pieds d'épaisseur
22.
Quelques cheveux plus ras sur le sommet du crâne indiquaient encore la place d'une tonsure à demi effacée
23.
Cependant, en portant ses regards sur les côtés, à une distance de soixante pas environ, Bruno crut apercevoir quelques points brillants, qui se déplaçaient dans l'ombre, rapidement, sans bruit, tantôt au ras du sol, tantôt à deux ou trois pieds au-dessus
24.
Elle n'avait qu'une entrée au ras du sol, et il fallait se glisser par une sorte de couloir long de trois à quatre pieds, car les parois de neige mesuraient au moins cette épaisseur
25.
A ce moment aussi, un long fuseau noir, couronné d'un panache de fumée, apparut au ras de l'eau
26.
Sa longueur exacte n’est que de trois cent soixante-seize milles; les bâtiments du plus fort tonnage y trouvent partout une eau profonde, même au ras de ses rivages, un fond d’une excellente tenue, de nombreuses aiguades, des rivières abondantes en poissons, des forêts riches en gibier, en vingt endroits des relâches sûres et faciles, enfin mille ressources qui manquent au détroit de Lemaire et aux terribles rochers du cap Horn, incessamment visités par les ouragans et les tempêtes
27.
Le bas mât s’était rompu dans sa chute au ras du ton, de telle sorte que la hune put être facilement retirée
28.
Leur canot, frêle et ras sur l’eau, fut retrouvé échoué sur la côte
29.
Comme les boutiques sont elles-mêmes assez basses, les omnibus sont juste à la hauteur de l’entresol, et pour peu qu’ils passent au ras du trottoir, on plonge dans les intérieurs avec une étonnante facilité
30.
Les falots semblaient courir tout seuls au ras du chemin
31.
Il avait une de ces figures que l’on remarque, des yeux gris pleins d’audace, une forte moustache poivre et sel taillée ras, un menton carré, proéminent, une bouche moqueuse
32.
Le Ras Ali affectionnait Dabra-Tabor et y séjournait tout le temps qu'il n'était pas en campagne
33.
Il y avait la maison dite des chevaux, celle des cuisinières, celle de l'hydromel, celle des orfèvres, celle du confesseur et des clercs, tant écrivains que légistes, celle du trésor qu'on disait être ordinairement dégarni, et enfin la demeure de la femme du Ras et de ses suivantes favorites
34.
En dehors des enceintes, se dressaient sans ordre seize à dix-sept cents maisons, huttes, cases de toutes dimensions, quelques tentes même, où demeuraient les officiers et soldats de service, les compagnies de fusiliers, les courtisans, tous ceux enfin qui vivaient habituellement auprès du Ras
35.
Nous nous assîmes par terre, et le Lik envoya un de ses suivants parlementer avec l'huissier de faction à la porte de la deuxième enceinte, afin qu'il fit prévenir le Ras de notre arrivée
36.
Tous ces chefs, grands et petits, étaient occupés à faire leur cour, qui consistait à envoyer par les huissiers leurs civilités au Ras
37.
Lorsque l'armée était dispersée depuis quelque temps, les vassaux directs du Ras se rendaient pour une quinzaine de jours à Dabra-Tabor, afin de se retremper à l'air de la cour, ou pour hâter la solution de quelque procès ou de toute autre affaire pendante
38.
Cependant, les huissiers ne faisaient aucun cas de nous; une grande heure durant nous attendîmes en vain un mot du Ras
39.
Elle regretta qu'on nous eût refusé la porte du Ras, nous donna une de ses suivantes pour nous introduire chez lui, et nous dit de revenir auprès d'elle sitôt notre visite faite
40.
Nous retournâmes chez le Ras
41.
Je trouvai le Ras assis sur un tapis persan, devant quelques tisons qui fumaient au milieu de la pièce parsemée de fanes odorantes; une vingtaine de favoris étaient debout autour de lui
42.
Selon l'usage, je me levai, et, prenant des mains de mon drogman une pièce de mousseline pour turban, je l'offris au Ras
43.
—Très-bien! dit le Ras en riant; il ne craint donc pas les chevaux?
44.
Le Ras passait pour un des plus fins connaisseurs en chevaux; il s'intéressa à ce que je lui dis de l'équitation et de l'élève des chevaux en Europe et en Arabie, et il me congédia enfin, en me recommandant de revenir le voir le lendemain
45.
Dans la soirée, je descendis sur le champ de manœuvre: le Ras, sans toge, et vêtu seulement de haut de chausses et d'une petite ceinture, y jouait au mail; un triquet recourbé à la main, il courait pieds nus après le tacon, en se bousculant avec les plus humbles de ses soldats
46.
Le Ras Ali aimait à se confondre avec ses sujets, ce qui l'amenait fréquemment à découvrir des injustices commises en son nom; aussi, les opprimés, découragés par l'avidité de ses officiers, guettaient ses sorties, et souvent parvenaient à lui faire entendre leurs plaintes, malgré les gardiens que la Waïzoro Manann postait aux abords du champ de manœuvre, pour empêcher, disait-elle, son fils de se ravaler devant des étrangers
47.
Le jour suivant, à pareille heure, le Ras assista au jeu de cannes
48.
J'y vis plusieurs chevaux et des cavaliers remarquables; le Ras montait bien, mais sans grâce; en revanche il lançait la canne à des distances considérables
49.
On pressentait une campagne prochaine, soit contre le Dedjadj Oubié ou contre le turbulent Ali Farès, du Lasta, soit en Gojam contre le Dedjadj Guoscho; et l'on attendait de jour en jour que, selon l'usage, le Ras manifestât sa volonté par la publication d'un ban
50.
Sa verve rajeunie ne tarissait plus, et il semblait qu'après l'humiliation essuyée publiquement à la porte du Ras, il fût bien aise de m'avoir pour témoin des égards respectueux dont il était l'objet
51.
Matin et soir, nous étions invités au repas de la Waïzoro Manann, toujours éprise de la conversation de mon spirituel introducteur; de plus, on nous portait de chez elle un ordinaire pour nous et nos gens; j'en recevais un également de chez le Ras, ce qui nous mettait dans l'abondance
52.
Nous passâmes huit jours à cette cour; je revis plusieurs fois le Ras; il m'engagea de nouveau à rester auprès de lui, et, malgré le soin que je pris de lui en témoigner ma gratitude, il me parut devenir réservé avec moi
53.
Sa présence en Fouogara prenait d'ailleurs une grande portée politique: en confirmant l'autorité du Ras, il contraignait le Dedjadj Oubié d'ajourner ses projets ambitieux contre le Bégamdir; car, jusqu'alors, ce dernier espérait l'avoir pour allié et détacher par conséquent du Ras le Dedjadj Conefo et quelques autres grands feudataires
54.
Aussi ne cessait-il de faire l'éloge du Dedjadj Guoscho et des Gojamites, au détriment du Ras Ali et des hommes du Bégamdir, gens incivils, disait-il, processifs et sourds aux paroles d'anciens comme lui
55.
Le bruit courait que le Ras s'était emparé traîtreusement de sa personne, au moment où il se présentait à Dabra Tabor
56.
Les soldats de son escorte furent hébergés chez l'habitant; mais comme Gondar relevait directement du Ras, on les répartit le lendemain dans des villages aux environs, relevant du Dedjadj Conefo, lié d'amitié, comme on sait, avec le Dedjadj Guoscho
57.
La maison du Dedjadj Guoscho, ronde et construite comme celle du Ras, était pleine de monde; des huissiers maintenaient avec peine un espace libre, afin de permettre au Dedjazmatch, à demi couché sur son alga, dans l'alcôve en face de la porte, de voir ce qui se passait sur la place
58.
Là, le bruit se répandit que notre campagne contre les Gallas n'était que simulée; que par suite d'une mésintelligence entre le Dedjadj Guoscho et le Ras Ali, nous allions être obligés de défendre nos frontières du côté du Bégamdir
59.
Le Ras Gouksa, originaire, comme on sait, des Gallas de l'Idjou, s'efforçait alors de restaurer à son profit l'omnipotence impériale; et quoique le Dedjazmatch du Damote fût son vassal, il trouva opportun de reconnaître Zaoudé, mais avec le dessein de le déposséder à la première bonne occasion
60.
Zaoudé battit ce nouvel adversaire, et, après quelques années durant lesquelles il vainquit plusieurs prétendants envoyés contre lui de la même façon, il s'allia avec le Ras Walde Sillacé, Polémarque du Tegraïe, et prit rendez-vous avec lui en Bégamdir, pour livrer bataille au Ras Gouksa
61.
Néanmoins, pendant mon séjour à Gondar, lorsqu'il avait été bruit d'une rupture entre lui et le Ras Ali, les Gallas avaient attaqué sur plusieurs points les frontières du Gojam et du Damote, et c'était pour les punir que nous nous mettions en campagne
62.
Et d'Épernon ôta son toquet pour montrer à Chicot ses cheveux de devant presque aussi ras que ceux de derrière
63.
À l'époque où je me trouvais dans le pays, les deux armées les plus nombreuses étaient celle du Ras Ali et celle du Dedjadj Oubié
64.
L'armée du Ras Ali, quoique plus nombreuse, comptait à peine quatre mille fusiliers; mais on estimait à trente-cinq mille le nombre de ses cavaliers15, et ses rondeliers à plus de quatre-vingt mille
65.
Il n'en était pas de même du Ras Ali, que ses États moins compacts, et ses grands vassaux plus belliqueux et plus indépendants exposaient à des refus fréquents ou même à des actes de rébellion ouverte
66.
Les Gallas musulmans du Wollo passent pour les plus habiles à cette tactique; ils reprochent aux cavaliers chrétiens de s'entretuer, sans discernement ni science, de se colleter en rustres avec la cavalerie, de s'aheurter contre l'infanterie, de l'enfoncer parfois, il est vrai, mais comme le feraient des goujats, par la seule et bestiale impulsion de leurs montures, sacrifiant ainsi leurs meilleurs chevaux et leurs plus braves cavaliers; et pour confirmer leur appréciation, ils rappellent les désastres sanglants qu'avec leur manière éclectique de combattre, ils ont fait éprouver aux armées des Ras du Bégamdir en particulier, ces succès ne leur ayant coûté que des pertes insignifiantes
67.
L'Empire éthiopien était divisé en polémarchies, diverses par leur étendue et leur importance, et conférant à celui qui en était investi un titre de polémarque, celui de Ras, de Dedjazmatch ou autre
68.
Les titres de Ras, Dedjazmatch et autres Polémarques sont à la fois des dignités et des grades; ils sont personnels, indélébiles, et ne peuvent se transmettre sans la terre qui les confère
69.
Tel Ras ou tel Dedjazmatch a commencé par détrousser sur les grandes routes
70.
Telle est, à quelque différence près, l'organisation de la maison des Ras, Dedjazmatchs, Maridazmatchs, Graazmatchs, Kagnazmatchs, Wag-Choums, Balagaads et autres Polémarques qui se disputent entre eux les lambeaux de l'Empire éthiopien
71.
Dans cette catégorie, on lui connaissait quatre filles, deux mariées à des Polémarques, vassaux directs du Ras, et deux à des seigneurs de moindre importance
72.
Sur ces entrefaites, le Dedjazmatch, ayant froissé l'amour-propre de l'altière Waïzoro Manann, se vit contraint de rompre avec le Ras Ali, qui subissait encore l'ascendant de sa mère
73.
La paix fut conclue entre le Ras et le Dedjadj Guoscho
74.
Celui-ci, pour donner un titre au Lidj Tessemma, le nomma Fit-worari de son armée, lui transféra les droits d'aînesse du Lidj Dori, frappé, comme on sait, de faiblesse d'esprit, et quelques mois après il se rendit à Dabra Tabor dans le but ostensible de conférer avec le Ras sur les affaires générales, mais au fond pour conclure l'union projetée
75.
Rentré chez lui, il réunit ses conseillers, qui décidèrent qu'un refus serait d'autant plus imprudent qu'ils étaient pour le moment à la merci du Ras
76.
On prit jour, et en présence du Ras et d'un grand concours de seigneurs du Bégamdir et du Gojam, d'ecclésiastiques, d'hommes de loi et de clercs, tous réunis chez la Waïzoro, le Dedjadj Guoscho reconnut par serment Birro pour fils, lui conféra le droit d'aînesse, demanda pour lui la main de la Waïzoro Oubdar, et un des grands vassaux, s'avançant au nom du Ras et de la Waïzoro Manann, prononça les formules qui constituent les accordailles
77.
Les apports mutuels furent énumérés: le Ras donna à sa sœur la seigneurie de quelques villages dans le Bégamdir; le Dedjadj Guoscho donna à son fils un nombre égal de villages en Gojam
78.
Le Ras, en regagnant sa maison, s'égaya avec ses familiers sur le compte de son nouveau beau-frère; il le traita de nicodème, de dadais, et dans la suite ne le désigna même plus autrement
79.
Elle ne tarda pas à obtenir pour lui l'investiture de l'Enneussé et de l'Enneufsé, districts du Gojam, dont la seigneurie entraînait le grade de Fit-worari de l'armée du Ras, l'exercice du droit de haute justice et le privilége de marcher précédé de porte-glaives, d'un gonfanon et de douze timbaliers
80.
Mais, afin de soudoyer les gens de guerre, qu'il rassembla en nombre tout à fait disproportionné avec l'importance de son gouvernement, il dut aggraver les impôts, et ses sujets se rendirent plusieurs fois à Dabra Tabor, pour réclamer auprès du Ras; la vigilante Waïzoro Manann les faisait éconduire brutalement
81.
Bientôt, Birro Aligaz, un des grands vassaux du Ras, Dedjazmatch de l'Idjou et d'une partie du Lasta, s'étant déclaré en rébellion, le Ras convoqua par ban son armée à Dabra Tabor
82.
Le Fit-worari Birro fit son entrée à la tête de plus de 6,000 hommes, et, avec un appareil militaire qui éveilla les jalousies des grands vassaux du Ras, mais qui flatta l'orgueil de sa belle-mère; dans ce dernier but, il avait amené la Waïzoro Oubdar en campagne
83.
Le Ras lui-même ne marchait pas avec tant d'apparat
84.
L'un d'eux, le Dedjadj Wollé, proche parent du Ras, ayant fait une allusion railleuse à sa naissance équivoque, il en résulta une altercation des plus vives
85.
Le Ras envoya des bandes pour étouffer le combat: elles furent culbutées et en partie dépouillées; puis on se battit jusqu'aux approches de la nuit
86.
Birro Aligaz, prévenu par ses espions, accourut avec sa cavalerie, mais un peu trop tard pour profiter de ce désordre qui eût pu occasionner la perte du Ras
87.
Le Dedjadj Wollé, ainsi que plusieurs hauts seigneurs dont les gens avaient été le plus maltraités, intentèrent une action en cour du Ras
88.
La Waïzoro Manann trouva moyen de les faire débouter, et, comme pour justifier sa partialité, quelques jours après, son gendre, détaché avec d'autres chefs, à la poursuite de Birro Aligaz, parvint, grâce à la témérité de ses soldats, à s'emparer du rebelle, et il eut l'honneur de le remettre aux mains du Ras
89.
Il ne parlait qu'avec emphase de son seigneur le Ras, le plus doux des suzerains, disait-il, mais le plus mal servi par ses grands vassaux
90.
Les familiers du Ras, eux, l'avaient pris pour but de leurs médisances; seul, le Ras paraissait faire bon marché de lui et l'appelait toujours le dadais
91.
Birro Guoscho demanda son congé, mais le Ras l'ajournant sous divers prétextes, il se vit obligé de renvoyer en Enneufsé la meilleure partie de ses troupes qu'il ne pouvait nourrir à Dabra Tabor, et il leur adjoignit un certain nombre d'hommes d'élite qu'il avait détachés secrètement du service de plusieurs seigneurs du Ras
92.
Le Ras passionné pour ces exercices, apprenant qu'un jeu animé était engagé et que les Gojamites malmenaient fort ses frères, se rendit également sur le terrain avec un escadron d'élite, et après avoir feint de se joindre au parti de Birro, il alla se mettre dans le camp de ses frères
93.
Birro, déjà piqué de ce procédé, lança ses trois meilleurs cavaliers pour rengager le jeu; ceux-ci chargèrent leurs adversaires et tournèrent bride, entraînant après eux 80 cavaliers du Ras qui s'efforçaient de les envelopper
94.
Il était fils de Dedjazmatch, parent éloigné du Ras Ali ainsi que du Fit-worari Birro, dont il était l'écuyer
95.
Ses cavaliers se précipitent avec lui contre ceux d'Ali; celui-ci accourt à la rescousse avec tout son monde; des charges animées s'entre-suivent, et le Ras, trouvant Birro à bonne portée, lui lance sa canne dans le dos
96.
Birro furieux tourne bride et fond sur le Ras en criant:
97.
Le Ras se perdant dans ses parades se couvrit la tête de son bouclier pour la mettre au moins à l'abri, et il ne chercha plus qu'à surexciter le galop de son cheval renommé pour sa vitesse
98.
Mais Birro, gagnant sur lui, au lieu de lui lancer sa canne, la prit par un bout et frappa le Ras plusieurs fois sur son bouclier, avec si peu de ménagement, qu'il en fit sauter les ornements
99.
L'usage voulait impérieusement qu'avant de se retirer, il reconduisit le Ras jusqu'à sa porte, le bouclier au bras en signe d'allégeance; il avait donc commis une double infraction en frappant brutalement son seigneur et en l'abandonnant sur le mail
100.
Le Ras se contenta de dire: