1.
conflictuelle, est un poison violent
2.
Je ne dis rien de ceux qui préparaient leur mixture à partir de véritable poison, de sorte que des préparations nocives aussi bien que salutaires se vendaient
3.
Les riches étaient abattus par ses flèches habituelles ou bien étranglés et étouffés par leurs chaînes; elle mélangeait du poison aux délices des débauchés, faisait tomber les gens célèbres de leur siège et leur cassait le cou ou les expédiait à l’aide de rapières, mousquets, ou poignards, les envoyant presque tous dans l’autre monde d’une mort qui n’était pas naturelle
4.
Car sans moi, la guérison même est un poison, et quand je le commande, le poison même doit servir de remède
5.
Il surveillait maman Coupeau, exigeant les biftecks très cuits, pareils à des semelles de soulier, ajoutant de l'ail partout, se fâchant si l'on coupait de la fourniture dans la salade, des mauvaises herbes, criait-il, parmi lesquelles pouvait bien se glisser du poison
6.
Les Lorilleux, maintenant, affectaient de se boucher le nez, en passant devant sa chambre; une vraie poison, disaient-ils
7.
Une jolie source de poison, une opération qu'on aurait dû enterrer dans une cave, tant elle était effrontée et abominable! Mais ça n'empêchait pas, elle aurait voulu mettre son nez là dedans, renifler l'odeur, goûter à la cochonnerie, quand même sa langue brûlée aurait dû en peler du coup comme une orange
8.
Avec ça, il oubliait d'embellir; un revenant à regarder! Le poison le travaillait rudement
9.
Il n'y avait que du poison autour de lui
10.
Quand il sonnait de la trompe, quand il manoeuvrait ses signaux, veillant en automate à la sécurité de tant de vies, il songeait au poison; et, quand il attendait, les bras inertes, les yeux vacillants de sommeil, il y songeait encore
11.
Souvent, l'estomac tenaillé par la faim, il n'osait mordre aux fruits éclatants qui pendaient des arbres; il avait peur de ces baies aux reflets métalliques, dont les bosses noueuses suaient le poison
12.
Le lendemain matin, le poison m’avait rendu si malade que je fus incapable d’aligner mes mille mots
13.
La prétendue civilisation où je vis permet que s’établissent partout des boutiques patentées pour la vente du poison de l’âme
14.
Ce n’est pas pour les alcooliques que je plaide, c’est pour nos jeunes gens, pour ceux qui sont stimulés par un esprit aventureux et un caractère sympathique, prédisposés à une sociabilité virile : ce sont ceux-là que notre civilisation barbare déforme en les alimentant de poison à tous les coins de rue, et c’est pour eux que j’écris, pour ces garçons sains et normaux, nés ou à naître
15.
Puis, comme échantillons d'autres genres, des ovoïdes semblables à un œuf d'un brun noir, sillonnés de bandelettes blanches et dépourvus de queue ; des diodons, véritables porcs-épics de la mer, munis d'aiguillons et pouvant se gonfler de manière à former une pelote hérissée de dards ; des hippocampes communs à tous les océans ; des pégases volants, à museau allongé, auxquels leurs nageoires pectorales, très étendues et disposées en forme d'ailes, permettent sinon de voler, du moins de s'élancer dans les airs ; des pigeons spatulés, dont la queue est couverte de nombreux anneaux écailleux ; des macrognathes à longue mâchoire, excellents poissons longs de vingt-cinq centimètres et brillants des plus agréables couleurs ; des calliomores livides, dont la tête est rugueuse ; des myriades de blennies-sauteurs, rayés de noir, aux longues nageoires pectorales, glissant à la surface des eaux avec une prodigieuse vélocité ; de délicieux vélifères, qui peuvent hisser leurs nageoires comme autant de voiles déployées aux courants favorables ; des kurtes splendides, auxquels la nature a prodigué le jaune, le bleu céleste, l'argent et l'or ; des trichoptères, dont les ailes sont formées de filaments ; des cottes, toujours maculées de limon, qui produisent un certain bruissement ; des trygles, dont le foie est considéré comme poison ; des bodians, qui portent sur les yeux une œillère mobile ; enfin des soufflets, au museau long et tubuleux, véritables gobe-mouches de l'Océan, armés d'un fusil que n'ont prévu ni les Chassepot ni les Remington, et qui tuent les insectes en les frappant d'une simple goutte d'eau
16.
Emma se rendait compte pourquoi ses avances avaient été systématiquement repoussées : évidemment c’était par jalousie ; aux yeux de Jane, elle avait été une rivale ; tout s’expliquait ; une promenade dans la voiture d’Hartfield eût été une torture, et l’arrow-root provenant des réserves d’Hartfield ne pouvait être qu’un poison ! Elle ne conservait donc pas rancune à la jeune fille qui méritait à tous égards, elle se plaisait à le reconnaître, le bonheur et l’élévation qui allaient lui échoir
17.
Le poivre constitue un poison pour la brigade des malades du foie qui forment les quatre cinquièmes des habitués de Carlsbad et, comme ne pas s’exposer vaut mieux que guérir, tous les environs en sont soigneusement dépourvus
18.
—Ce n'est point un poison!
19.
Un ou deux grains d'opium mélangé d'un poison subtil devaient suffire à le faire passer de ce monde à l'autre, sans qu'il en eût même conscience, emporté peut-être dans un de ces rêves qui transforment le sommeil passager en sommeil éternel
20.
Sur une table, faite d'un seul morceau de jade, se trouvait un coffret, contenant quelques grains d'opium, mélangés d'un poison mortel, un «en-cas» que le riche ennuyé avait toujours sous la main
21.
Or, au moment d'avaler un de ces grains d'opium que tu sais, mon coeur battait si peu, que j'ai jeté le poison, et je suis venu te trouver!
22.
Décidément, le poison ne devait pas être l'arme choisie par l'ancien massacreur du roi des rebelles, mais sa victime ne devait rien négliger
23.
Mais la malheureuse avait avalé le poison, et tous les obstacles que put mettre ma prudence à leur amour ne servirent qu'à l'irriter
24.
Effectivement, elle avait eu l'adresse et la malice de mettre d'un poison très-violent dans la dernière tasse qu'elle lui avait présentée elle-même
25.
Si elles avaient avalé du poison, on le reconnaîtrait à quelque enflure extérieure
26.
Alors survient un autre personnage, qui lui enlève sa couronne, la baise, puis verse du poison dans l'oreille du roi, et s'en va
27.
(Il verse du poison dans l'oreille du roi endormi
28.
) Ah! voilà bien le poison d'une profonde douleur, jaillissant tout entier de la mort de son père
29.
—Ah! je meurs, Horatio! le poison puissant abat tout à fait mes esprits; je ne pourrai vivre assez pour savoir les nouvelles d'Angleterre
30.
—Duncan est dans son tombeau: après les accès de fièvre de la vie, il dort bien; la trahison a fait tout ce qu'elle pouvait faire: ni l'acier, ni le poison, ni les conspirations domestiques, ni les armées ennemies, rien ne peut plus l'atteindre
31.
Dans l'enveloppe naissante de cette petite fleur, le poison a établi son séjour, et la médecine sa puissance; offerte à l'odorat, elle le réveille et tous les sens à la fois; si on la goûte, elle paralyse en même temps les sens et le coeur
32.
N'as-tu pas quelque poison tout préparé, quelque poignard affilé, quelque moyen de mort soudaine, fût-ce la plus ignoble? Mais banni! me tuer ainsi! banni! O moine, quand ce mot se prononce en enfer, les hurlements l'accompagnent
33.
—Mon pauvre coeur est si cruellement affligé pour mon cousin!—Madame, si vous pouviez seulement trouver un homme pour porter le poison, je le préparerais, et de manière à ce que Roméo, après l'avoir reçu, dormît bientôt en paix
34.
)—Mais si c'était un poison que le frère m'eût adroitement fourni pour me faire mourir, dans la crainte de se voir déshonoré par ce mariage, lui qui m'a mariée avec Roméo
35.
En voyant sa misère, je me dis à moi-même: Si un homme avait besoin de quelque poison dont la vente fût punie d'une mort certaine à Mantoue, voilà un malheureux coquin qui lui en vendrait
36.
—Tiens, voilà ton or, poison plus funeste pour la vie des hommes, et qui commet bien plus de meurtres dans ce monde odieux que ces pauvres compositions que tu n'as pas la permission de vendre
37.
C'est moi qui te vends du poison; toi tu ne m'en as pas vendu
38.
—Viens, cordial et non pas poison, viens avec moi au tombeau de Juliette: c'est là que tu dois me servir!
39.
Voici que je bois à mes amours! (Il boit le poison
40.
—Qu'est-ce que cela! Une coupe que serre la main de mon bien-aimé! C'est le poison, je le vois, qui a terminé sa vie avant le temps
41.
—Quoi! égoïste! avoir tout bu, sans m'en laisser une seule goutte amie pour me secourir après toi! Je veux baiser tes lèvres; peut-être y recueillerai-je quelques restes du poison, suffisants pour me faire mourir au moyen d'un cordial
42.
—Cette lettre confirme le récit du religieux: elle contient le récit de leurs amours, les nouvelles qu'il a reçues de la mort de Juliette: il dit qu'il a acheté du poison d'un pauvre apothicaire, et qu'il est venu à ce monument pour y mourir et reposer auprès de Juliette
43.
Ce jour là même elle envoya Raoul, son serviteur le plus dévoué, vers Rosemonde, chargé de lui apporter une fiole de poison
44.
Elle approchait déjà le poison de ses lèvres, quand Raoul, touché de sa beauté, attendri de ce sublime dévouement, arrêta vivement son bras en s’écriant :
45.
Oui, c’est poison les morts
46.
Qu’il eût réellement absorbé du poison, la brûlure de sa bouche, des étincelles dans ses yeux, un bruit de cloches dans sa tête et des élancements dans l’estomac, sans parler de l’odeur répandue dans la chambre, l’attestaient
47.
– Celui, ma chère sœur, qui mène une vie normale et régulière, aucun poison n’a de prise sur lui
48.
Pour qui les yeux n'ont point de suave poison;
49.
Endormir dans ses flancs le poison ennemi;
50.
Je pense être en mesure de prouver que le poison a agi assez rapidement pour que la victime fût déjà morte quand vous avez pénétré dans la chambre
51.
—Nous le déposons, dit le duc, en attendant que Dieu sanctionne par sa mort l'élection que nous venons de faire, ou plutôt en attendant que quelqu'un de ses sujets, lassé de ce règne sans gloire, prévienne par le poison ou le poignard la justice de Dieu!…
52.
Ma mère a fait son deuil de moi depuis tantôt quinze ans, et mes frères orgueilleux qui ont, à cause de moi, souffert dans leur âme, rougi, plié le dos, dépensé de l’argent, en sont venus, à la fin, à me détester comme le poison
53.
– Plutôt le poison que l’asphyxie ! »
54.
Le monde a rejeté sa ceinture de poison ! Mais, de toute l’humanité, nous seuls avons échappé au désastre ! »
55.
C’est vers trois heures de l’après-midi, peut-être un peu plus tard, hier, que le monde a pénétré tout entier dans la zone du poison
56.
Toutefois, rappelez-vous que le poison agissait de bas en haut, et qu’il pouvait avoir une moindre virulence dans les couches supérieures de l’atmosphère
57.
C’était d’ailleurs un signe commun à toutes les victimes du poison : partout des faces grimaçantes avaient l’air de railler notre effroyable situation et de sourire atrocement aux infortunés survivants de la race
58.
Congédiés par leurs maîtres terrifiés, les élèves rentraient précipitamment chez eux quand le poison les avait pris dans ses mailles
59.
Sans tenir compte du désaccord des horloges, on admet généralement que des circonstances locales peuvent avoir influé sur l’action du poison
60.
Pouvions-nous, sur un monde aboli, prolonger notre existence ? De même qu’en physique la plus grande masse attire la moindre, de même ne subirions-nous pas l’irrésistible attraction de la masse humaine passée dans l’inconnu ? Et alors, comment finirions-nous ? Par un retour du poison ? Ou la pestilence que dégagerait l’universelle décomposition, rendrait-elle la terre inhabitable ? Ou, peut-être, l’horreur de notre situation finirait-elle par nous miner et nous désagréger la cervelle ? J’en étais là de mes pensées lorsqu’un léger bruit me fit regarder la route au-dessous de moi : le vieux cheval de fiacre grimpait la côte
61.
Eh quoi ! le monde se mettait-il à revivre ? Une illusion m’avait-elle berné ? La ceinture de poison n’était-elle qu’un rêve laborieux ? Mon effarement me disposa d’abord à le croire
62.
– Qualifiez-la, si vous voulez, de catalepsie, ce n’est après tout qu’un nom, dit Summerlee, et nous n’en savons pas davantage sur l’effet du poison, ni sur le poison lui-même ; le plus que nous puissions dire, c’est que l’éther vicié a produit une mort temporaire
63.
Le bilan des accidents de chemin de fer et des sinistres maritimes, quand on l’aura établi, sera d’une lecture impressionnante, bien que, d’ores et déjà, ressorte des faits que les chauffeurs de locomotives et de steamers avaient, dans la plupart des cas, avant de succomber au poison, réussi à bloquer leurs machines
64.
L’idée d’employer un poison impossible à découvrir chimiquement devait venir à un homme instruit et sans conscience, qui avait vécu en Extrême-Orient
65.
La rapidité avec laquelle ce poison agit était encore un avantage, à son point de vue
66.
Si, contre toute attente, quelque autre docteur se trouvait mêlé là-dedans, et si quelque déclaration de poison venait épouvanter cette cour où avaient déjà retenti tant de déclarations pareilles, elle comptait fort sur le bruit que faisait la jalousie de Marguerite à l'endroit des amours de son mari
67.
Enfin elle entendit un léger souffle, et, avec une joie maligne, elle vint lever le rideau, afin de constater par elle-même l'effet du terrible poison, tressaillant d'avance à l'aspect de cette livide pâleur ou de cette dévorante pourpre d'une fièvre mortelle qu'elle espérait; mais, au lieu de tout cela, calme, les yeux doucement clos par leurs blanches paupières, la bouche rose et entrouverte, sa joue moite doucement appuyée sur un de ses bras gracieusement arrondi, tandis que l'autre, frais et nacré, s'allongeait sur le damas cramoisi qui lui servait de couverture, la belle jeune femme dormait presque rieuse encore; car sans doute quelque songe charmant faisait éclore sur ses lèvres le sourire, et sur sa joue ce coloris d'un bien-être que rien ne trouble
68.
» Mais peut-être n'y a-t-il que le poison qui soit impuissant, nous verrons bien en essayant du fer
69.
Les variations des bourgeons, telles que l'apparition d'une rose moussue sur un rosier commun, ou d'une pêche lisse sur un pêcher ordinaire, offrent de bons exemples de variations spontanées; mais, même dans ces cas, si nous réfléchissons à la puissance de la goutte infinitésimale du poison qui produit le développement de galles complexes, nous ne saurions être bien certains que les variations indiquées ne sont pas l'effet de quelque changement local dans la nature de la sève, résultant de quelque modification des milieux
70.
Je citerai l’affaire de la Chambre Paradol, celle de la société des mendiants amateurs qui tenait ses brillantes réunions sous les voûtes du garde-meuble ; les faits qui se rattachent à la perte de la barque anglaise Sophie-Anderson ; les singulières aventures des Grice Paterson dans l’île d’Uffa, et enfin l’affaire de poison de Camberwell
71.
« Puissiez-vous ne jamais obtenir que du poison, maudits flatteurs ! »
72.
Mais, cette fois, il était depuis quarante-huit heures sous l’empire de sa malheureuse passion ; et c’est dans cette taverne qu’on devait le trouver, respirant du poison, ou dormant jusqu’à ce que les effets de l’opium fussent passés, cela au milieu d’un public vil et dégradé, la lie des docks
73.
Du cercle d’ombre émergeaient de petits points plus ou moins lumineux selon que le poison se consumait ou s’éteignait dans les fourneaux des pipes de métal
74.
– Trop tard, dit-elle en tombant sur le lit, trop tard ! j’ai pris le poison avant de quitter ma cachette !
75.
Alexandre VI mourut empoisonné, vous savez par quelle méprise; César, empoisonné en même temps que lui, en fut quitte pour changer de peau comme un serpent, et revêtir une nouvelle enveloppe où le poison avait laissé des taches pareilles à celles que l'on voit sur la fourrure du tigre; enfin, forcé de quitter Rome, il alla se faire tuer obscurément dans une escarmouche nocturne et presque oubliée par l'histoire
76.
Mais est-ce qu’ils ne sont pas les premiers à savoir que leurs doctrines voluptueuses ne valent que pour le peuple des « gras », pour une « élite » à l’engrais, et que pour les pauvres, c’est un poison ?
77.
Des deux pilules renfermées dans la boîte, l’une contenait un poison mortel, l’autre était parfaitement inoffensive
78.
Du reste, de toute manière, il devait mourir, car jamais la Providence n’eût permis que sa main criminelle vint à choisir une autre pilule que celle contenant le poison
79.
J’eus alors l’idée de renifler les lèvres du mort, et je sentis une odeur âcre qui me permit de conclure qu’on avait fait avaler de force à cet homme un poison terrible
80.
L’idée de forcer quelqu’un à absorber un poison n’est certainement pas nouvelle dans les annales du crime
81.
Il parlait ainsi, mais ce n’étaient que des mots, car il gardait au fond de lui le goût d’amertume que le poison distillé par Ariane Nicolaevna y avait versé
82.
Cette susceptibilité se remarque jusque dans les faits les plus insignifiants; ainsi, un même poison affecte souvent de la même manière les plantes et les animaux; le poison sécrété par la mouche à galle détermine sur l'églantier ou sur le chêne des excroissances monstrueuses
83.
Craignez le remords, quand vous serez tentée de succomber, mademoiselle Eyre ; le remords est le poison de la vie
84.
– Je ne fais que vous rappeler vos propres paroles, monsieur ; vous avez dit que la faute conduisait au remords, et que le remords était le poison de la vie
85.
Pour toi, en récompense de tes services, je t'invite au Prytanéion, sur le siège occupé par ce poison
86.
Que jamais plus grande folle que Jane Eyre n’avait marché sur la terre, que jamais idiote plus fantasque ne s’était bercée de doux mensonges et n’avait mieux avalé un poison comme si c’eût été du nectar
87.
Mais qu’avez-vous trouvé dans le voile, sinon des broderies ? Recouvrait-il une épée ou du poison, que votre regard devient si lugubre ?
88.
«Allons, dit Monte-Cristo en tirant avec effort un sourire de sa poitrine oppressée; allons, assez de poison comme cela, et maintenant que mon cœur en est plein, allons chercher l'antidote
89.
—Mithridates, rex Ponticus, dit l'étourdi en découpant des silhouettes dans un magnifique album, le même qui déjeunait tous les matins avec une tasse de poison à la crème
90.
—Ainsi, vous le croyez, le résultat serait encore plus sûr chez nous qu'en Orient, et au milieu de nos brouillards et de nos pluies, un homme s'habituerait plus facilement que sous une chaude latitude à cette absorption progressive du poison?
91.
—Certainement; bien entendu, toutefois, qu'on ne sera prémuni que contre le poison auquel on se sera habitué
92.
—Eh bien, reprit Monte-Cristo, supposez que ce poison soit de la brucine, par exemple, et que vous en preniez un milligramme le premier jour, deux milligrammes le second, eh bien, au bout de dix jours vous aurez un centigramme; au bout de vingt jours, en augmentant d'un autre milligramme, vous aurez trois centigrammes, c'est-à-dire une dose que vous supporterez sans inconvénient, et qui serait déjà fort dangereuse pour une autre personne qui n'aurait pas pris les mêmes précautions que vous; enfin, au bout d'un mois, en buvant de l'eau dans la même carafe, vous tuerez la personne qui aura bu cette eau en même temps que vous, sans vous apercevoir autrement que par un simple malaise qu'il y ait eu une substance vénéneuse quelconque mêlée à cette eau
93.
—Eh, mon Dieu! madame, est-ce que quelque chose se perd chez les hommes! Les arts se déplacent et font le tour du monde; les choses changent de nom, voilà tout, et le vulgaire s'y trompe; mais c'est toujours le même résultat, le poison porte particulièrement sur tel ou tel organe; l'un sur l'estomac, l'autre sur le cerveau, l'autre sur les intestins
94.
Eh bien, le poison détermine une toux, cette toux une fluxion de poitrine ou telle autre maladie cataloguée au livre de la science, ce qui ne l'empêche pas d'être parfaitement mortelle, et qui, ne le fût-elle pas, le deviendrait grâce aux remèdes que lui administrent les naïfs médecins, en général fort mauvais chimistes, et qui tourneront pour ou contre la maladie, comme il vous plaira, et voilà un homme tué avec art et dans toutes les règles, sur lequel la justice n'a rien à apprendre, comme disait un horrible chimiste de mes amis, l'excellent abbé Ademonte de Taormine, en Sicile, lequel avait fort étudié ces phénomènes nationaux
95.
—C'est donc un poison terrible?
96.
—Oh! mon Dieu, non! D'abord, admettons ceci, que le mot poison n'existe pas, puisqu'on se sert en médecine des poisons les plus violents, qui deviennent, par la façon dont ils sont administrés, des remèdes salutaires
97.
—Seulement rappelez-vous une chose: c'est qu'à petite dose c'est un remède, à forte dose c'est un poison
98.
Par un brusque mouvement, je portai à ma bouche la bague que tu vois à mon doigt et dans le chaton de laquelle sont deux gouttes d’un poison violent qui tue sans faire souffrir
99.
Quand tu vins m’embrasser, tu bus le poison sur mes lèvres, et la mort nous emporta dans les bras l’un de l’autre
100.
L’amour humain s’élève en moi comme une fraîche fontaine qu’on vient d’ouvrir, et inonde de ses flots si doux le champ que j’avais préparé avec tant de soins et tant de labeurs, que j’avais assidûment ensemencé de bonnes intentions et de renoncement à moi-même ; et maintenant il est englouti sous une onde délicieuse, les germes nouveaux sont rongés par un poison enivrant