1.
—Taillandier, Notice sur les confrères de laPassion
2.
Réussir à sortir de l'abîme
3.
A force de larmes de désespoir,
4.
Me posséder tout le reste de l’éternité
5.
De la puissance de mon Amour, celui que je te réserve
6.
Tu peux me répondre que ce n'est que de la littérature,
7.
Remplissant mes doux déserts de lumière
8.
Pour penser à nous, en nous sortant de l’oubli dans tous vos discours
9.
A la voir, on dirait une Déesse auréolée, étincelante de lumière
10.
Devant le seuil de la porte,
11.
Du bonheur, de la paix et de la joie,
12.
Dans ton havre, près de l’âtre, bien au chaud
13.
Si par bonheur de l'espoir que je nourris,
14.
Et les frayeurs de la mort, la crainte, les tremblements m'envahissent
15.
Aux couleurs et senteurs de la campagne,
16.
Sortir enfin de l’oubli car, depuis ce jour,
17.
Nulle opposition, encore moins de la résistance
18.
Nos destins se sont peut-être croisés un beau matin de l’été
19.
Tout en marchant le long des berges de la Garonne
20.
Que pour toi, j’ai plus que de l’estime
21.
L’autre soir, après avoir passé une partie de la journée,
22.
Se confond, à l’infini, avec la dure réalité de la vie
23.
Pour toi, j'irai au bout de la terre
24.
Que les malheureux déçus de l'amour,
25.
Tu serais le fruit de la PASSION que l'on aimerait croquer à pleines dents avec AMOUR !
26.
Tu serais le BLANC de la pureté, le BLANC immaculé d'une MADONNE, un vin BLANC
27.
Tu serais forcément Vénus ou Aphrodite qui sont les DEESSES de l'AMOUR !
28.
En bref, tu représentes la Beauté du Corps et de l'Esprit et, de ma longue vie déjà, je n'ai connu aucune Femme aussi Charmante que toi !
29.
Maintenant,mon amour, si tu penses que ce n'est que de la littérature,il vaut mieux mettre un terme à nôtre merveilleuse mais courte aventure
30.
Pas celle de la bible,
31.
Ai-je pêché par orgueil ou bêtise de l'amour ?
32.
N'y voit pas dans ces mots, de la rancœur
33.
l'envie de me battre contre les injustices et ce n'est pas facile,j'en convient,de me comprendre,de m'écouter et de m'entourer aussi de leur Amour et Amitié
34.
Deux nuits après leurs mariages, qui furent célébrés en même temps par le Père Paul, et auxquels participa pratiquement tout le village, leurs maisons en bois prirent feu et, malheureusement, elles périrent avec leurs maris, submergés par les ruines de leurs maisons, ou tout du moins c’est ce que tous crurent dans un premier temps
35.
« Pourquoi nous ont-ils épousés s’ils sont pédés ? Nous ne sommes même pas riches ! » dit Lucia avec les mains dans les cheveux et le visage emplit de larmes
36.
On a également découvert que les deux jeunes hommes qui sont morts dans l'incendie, s’étaient réfugiés dans ce village perdu après avoir fui l’Angleterre où, convertis à l’Islam, ils travaillaient pour le compte de l’Ayatollah à l’ambassade américaine de Londres
37.
Cela n’aurait jamais été découvert si les aveux de William eurent été sincères et non induits, peut-être par quelques promesses de la part de « quelqu’un » d’argent ou tout du moins par une vie meilleure à celle qui conduisait à Burugo, et comment avait-il pû disparaitre de la prison de Kuala Lumpur où il avait été incarcéré
38.
Pendant ce temps, les deux sœurs, après avoir été hébergées deux ans chez leurs parents, se remarièrent, pondérant longtemps cette fois-ci le choix de leurs maris, et chacune d’elles eut une splendide petite fille
39.
Je dois admettre que l’histoire de Anna et Lucia m’a fait réfléchir sur comment, tôt ou tard, tous atteignent leur statut idéal et réussissent à vivre heureux, ou au moins sereins, le reste de leur existence avant que survienne la mort
40.
Que nous a fait cette mer si bénigne, qui nous lave chaque été de nos sueurs fétides, pour être remboursée d’une telle manière ? Souvent je m’approche des gens pour écouter leurs discours : tous logiques et idéaux en apparence, mais en levant le regard, et en le croisant avec le leur, je m’aperçois de la perfidie que renferme ces yeux
41.
Ensuite, je me regarde moi-même et pense : pourquoi cette stupide viande a-t-elle besoin de nourritures et liquides si c’est pour tout expulser ensuite ! Il est donc inutile de lui donner si elle n’en fait pas bon usage ! Mais l’instinct de survie prévaut sur quelconque logique
42.
Et pendant que j’étudiais comment panser le bois, les heures passaient en tranquillité absolue, cassée seulement par le bruit des flots qui se brisaient sur le petit quai, et par le léger sifflement du gaz qui maintenait en vie la flamme de la lampe
43.
J’ai fait exprès d’étudier ce livre de bateaux dans ce lieu inconfortable et humide, au lieu de le faire confortablement à la maison, pour une seule raison très simple : quand je suis en ville, ce dégoût qui me remplie, même seul à écouter son vacarme, m’empêche toute forme de poésie, toute bonté d’âme, toute tranquillité intérieure, me rendant névrotique et donc incapable d’assimiler ces enseignements même si simples
44.
J’ai refusé ! La barque pour moi est sacrée, c’est le moyen qui me permet de vivre dans le vrai sens du terme, c’est le moyen d’être accueilli dans les bras bénéfiques de la mer
45.
Pendant que je faisais ce travail, je me souvenais d’avoir lu que les Vikings considéraient cet axe de bois comme une partie essentielle de leurs bateaux, aussi d’un point de vue esthétique et ils les embellissaient avec des décorations et de véritables sculptures
46.
Après la roue de proue, ce fut le tour de l’opération la plus délicate et difficile : l’assemblage de virure
47.
J’étais frénétique, je ne voyais pas l’heure de prendre la mer et pour cette raison, je travaillais avec grande veine, attentif aux moindres particularités, en faisant coïncider à la perfection les différentes parties, qui devaient être fixées l’une à côté de l’autre, pour éviter aussi la moindre petite fissure qui pourrait m’amener des ennuis par la suite
48.
Je regarde le timbre, pour voir, si, par hasard, c’était un ami étranger, connu dans le passé, qui m’écrivait
49.
Non, le timbre provient de la poste italienne ; curieux, j’ouvre l’enveloppe et y trouve une lettre dactylographiée avec l’entête de la Banque Nationale du Travail
50.
Je me réveille, après huit heures de sommeil environ, vif et plein d’énergie ; je me lave, m’habille, prends tout le nécessaire et je me rends au siège de la banque
51.
Le prix est clairement abordable et cela rend encore plus accueillants ces endroits où traditions ancestrales et tabou rendent ces lieux décontaminés de l’exaspérante et envahissante industrialisation
52.
Ensuite, avec les années, ils s’étaient froissés à force de les exposer à l’usure quotidienne, que poussière, encre et impétueux collègues de travail rendent destructives
53.
Quelle étrange sensation je ressens en tournant les épaules à la fermeture de la porte de la maison : c’est comme le déclenchement d’un bouton qui ouvre à mes yeux un nouveau monde
54.
Un hublot, d’un métal portant vieux et rouillé, permet à la lumière du jour de filtrer, éclairant ces grabats que seul le blason de la compagnie de navigation distingue des lits superposés militaires
55.
Déjà, c’est beau d’être en haut ! Même lorsque j’étais soldat, j’insistais pour dormir dans le lit superposé supérieur, inconfortable à souhait, mais sans aucun doute moins odorante de la sous-jacente, que pets et masturbations du locataire du dessus rendaient plutôt dangereuse par manque total, à certains moments, d’azote, d’anhydride carbonique et d’oxygène
56.
De telle sorte que ceux qui voulaient gagner les bonnes grâces des supérieurs, priaient leurs voisins de lit de les aider à garder la caserne propre
57.
Aussi, avec quel système raffiné de persuasion prenait-on ces soldats modèles ! Ils les prenaient en prêt durant la soupe et les utilisaient, comme lime à ongle, en étant attentif de ne pas trop décolorer ce beau poix noir, leur orgueil et prestige, comme lame pour la barbe, toujours contrariée dans son expansion par quelques cicatrices, symbole de virilité et de chevalerie rustique, comme mouchoir, pour extirper poliment cette décoration verdâtre des cavités olfactives, et comme coton tige, quand ils ne voulaient pas entamer l’éclatante beauté de l’ongle kilométrique de l’auriculaire
58.
Même moi je suis monté sur le pont et moi aussi, je salue affectueusement tous les amis que je suis en train de laisser derrière moi : bras tendu et poing fermé, que seul une main posée, avec force, sur l’avant-bras éloigne d’une quelconque signification socio politique
59.
Quelle langue absurde l’Arabe ! Livres écrits de la droite vers la gauche, caractères cursifs qui n’existent pas, mots, qui pour les prononcer, doit faire saliver l’interlocuteur
60.
Après, je n’ai jamais compris pourquoi ces gens, même quand ils ne sont pas sur des chameaux, ont toujours un turban sur la tête ; moi, je dis, s’ils veulent avoir un élevage et ont comme passe-temps le dressage, quel besoin ont-ils de retirer l’aire d’école aux petits élèves et de les supporter eux-mêmes quand, contents d’avoir trouvé un terrain prolifique, leurs amis, comme des enfants à l’école, se font plaisir avec des sauts et des cabrioles ? Ce sont vraiment des gens étranges
61.
Ils sont tellement hystériques et anxieux, donc, qu’ils ne se laissent pousser que seize dents pour permettre un meilleur passage des nourritures qu’ils, étrange à dire, ingurgitent en même temps que les liquides qu’ils boivent : le temps, c’est de l’argent ! Qu’ils sont étranges quand ils récitent les prières que le Coran leur impose chaque soir
62.
Mais je dis, quelle religion est-ce pour ne leur permettre de se laver que dans certaines périodes de l’année, c’est tout du moins comme cela qu’ils me l’ont dit, et qui fait qu’ils se pourvoient d’une grande quantité de parfum pour compenser ce manque de propreté ? Et puis, quelle odeur étrange a cette préparation ! Aux narines d’un profane, cela peut ressembler à une odeur de marijuana, mais pour celui qui, comme moi, regarde de plus près les incrustations de leurs pieds et de leurs bras, il est évident que c’est un mélange entre une odeur de lavande très parfumée et une puanteur insupportable
63.
Comme j’envie ces femmes, si maître de leur digestion ! Pour moi, par contre, les torsions du tronc sont une véritable torture, rompant, comme elles font, cet équilibre déjà précaire entre nourriture et sucs gastriques, ces derniers rendus inactifs à cause des nerfs
64.
Ce sont des locaux enfumés et sales, exprès, pour freiner l’excitation des spectateurs ; quel beau travail fait la poussière et la fumée quand elles viennent au contact des yeux écarquillés des spectateurs ! En effet, durant l’exhibition de la jeune contorsionniste, ils équiperaient bien leurs pupilles de véritables dents s’ils le pouvaient
65.
Les serveurs du local, pour qui la livrée va comme un poing dans un œil, sont d’un contraste hallucinant à cause de la couleur marron-verdâtre de leur peau et du blanc et noir de leur tenue
66.
Combien de boissons je sirotai aux Etats-Unis ! Ou tout du moins, combien de boites de boisson ! En fait, là-bas, à cause du fort pourcentage de névrotiques et de poivrots, ils ont presque abhorré ces contenants si connus : les bouteilles ! Tant de beaux souvenirs ! Je me souviens même que, en cette année où j’ai traversé l’océan, les hommes de couleur étaient à la mode, et chez les jeunes, il était à la mode de leur ressembler
67.
Comme il aurait été content Matin Luther King ! Les Noirs se noircissaient encore plus, les Blancs, qui arpentaient les rues, sous entendu sans salaire, grappillant les ordures les plus sales et les plus noirs pour se les barbouiller dessus ; les femmes qui profitaient de l’occasion, après chaque rapport, pour utiliser toutes les sortes possibles et inimaginables de savons et détersifs que le riche marché américain propose : Quels milliardaires ces pharmaciens ! Et que dire des distributeurs automatiques, diaboliques dispositifs qui volent les clients des marchands de fruits et légumes, promettant, comme ils le font, de bonnes économies à qui achètent, seulement trois produits de la terre, avec une carte bancaire, pour prendre une commission ! Ils aiment quand même les traditions : quand ils doivent rejoindre une localité isolée, comme c’est le cas pour la cime des colossaux gratte-ciels, ils conservent le goût de mettre leur chapeau de cow-boy, mais qui s’envole régulièrement à cause du rapide galop
68.
Quel goût délicieux pour l’habillement ! Et quel stupidité de Rodolphe Valentino quand, s’illusionnant d’être un playboy, il s’habillait en queue-de-pie ! Qui est le plus considéré par les femmes ? Qui habille de deux couleurs seulement, ou qui utilise toutes celles de l’iris ? Et New York, quel ville cosmopolite ! Tant de braves portoricains par exemple ! Imaginez, ils sont féministes et tellement adroits qu’ils réussissent même à trouver un travail à leur femme ; quel service social utile rendent, à la ville, toutes ces « ménagères » diligentes, et si ensuite, quelque usufruitier s’infecte d’une des maladies de l’ancienne déesse grecque, quelle importance ça a ! Sert à le transmettre, le nouveau Papa Noël, même de qui a fait de la morale, son modus vivendi
69.
Mais revenons aux boissons ; certainement boire en posant la bouche sur une boite n’est pas très hygiénique, mais ici à Alger, boire dans les verres serait une véritable aide aux lave-vaisselles ! Dommage, l’exhibition de la fille est déjà finie : je dois dire que ses voluptueuses contorsions ont visiblement secoué tous les spectateurs ; cela les a secoués à tel point que certains ont même perdu le contrôle de leur troisième soutien viril qui, véritable jambe aux réflexes prompts, se lève au déclenchement d’une moindre sollicitation menaçant la fermeture renforcée des pantalons
70.
ils les éduquent bien leurs enfants ! Aux garçons, ils enseignent, dès le plus jeune âge, à se défendre, à se servir remarquablement des bras et de leur trois jambes ! Aux filles, par contre, déjà femmes à huit ou neuf ans, ils imposent respect et obéissance à la volonté paternelle ; si bien que, toujours l’idée fixe à une chose, la pensée des hommes apprend à jouer avec celle des mères en formant une alternative fraiche à ces infatigables trépieds
71.
Une autre caractéristique de ce lieu est le surprenant embonpoint de ses habitants : en effet, plus gras on est et mieux on peut se défendre, en se remplissant les vêtements comme ils le font, de tant de couteaux et d’épées qui leur permettent de rivaliser dans un espèce de tournoi : gagne celui qui réussit à tâcher de sang le plus grand nombre de lames
72.
Qui est bonne l’odeur qui émane de leur bouche ! Ail pestilentiel digne des meilleurs exorcistes des Carpates
73.
Vous vous les imaginez tous ces agneaux et cabris, même squelettiques, quel effet produirait-il sur les duellistes sus cités, s’ils les vissent pendus à bras ouvert ? Et il n’y aurait pas à se faire d’illusions sur leur correction : même si le règlement est clair et prévoit du sang humain si possible jaillissant de la gorge, ils n’embrouilleraient sans doute personnes ?
74.
Autre substantielle différence entre une personne honnête et un voleur : la première court à tue-tête pour gagner de l’espace, peut-être au détriment des autres, alors que la seconde, cherche anxieusement un humble trou !
75.
J’aurais voulu être un fakir dans ces moments-là : contrôler la douleur, en jouir ; mon avenir aurait été splendide : un beau lit en clous, de longues méditations et un grand calme intérieur
76.
La négociation pour la location de la jeep a été longue et fatigante, mais je me suis fait respecter ! En somme, j’ai peu payé pour la carrosserie ! Mais il est clair que le carburateur, les roues, les pistons, le radiateur et les autres composants du moteur m’ont coûté les yeux de la tête ! Grande fête chez le propriétaire complaisant du véhicule ! Imaginez que ses si nombreux enfants, au courant de l’habileté avec laquelle j’avais conduit l’affaire, se mirent en quatre pour réussir à me divertir : de vrais saltimbanques égayèrent ma vue avec des galipettes et des jeux ; ils restèrent même à terre en riant à tue-tête et en se grattant la panse
77.
Mais à quoi m’attendais-je pour le peu de centaines de milliers de lires déboursées ? Le garage, où j’étais allé, était assez propre et équipé, et l’employé, étrangement honnête, ne m’avait pas fait un devis trop exorbitant, en me parlant de dessous une voiture ; mais clairement en me voyant, il m’a suggéré d’apporter quelques modifications et le devis a doublé ! Je peux enfin partir !
78.
La route qui conduit hors de la ville est large et arborée, et un certain nombre de pavillons en soulignent l’élégance ; on y trouve l’ambassade américaine
79.
« Où avez-vous pris cette jeep ? » hurlent-ils me menaçant de leurs fusils – « Je l’ai loué » répondis-je naïvement en esquissant un sourire pour l’occasion
80.
! Faute à ces trous ! Qu’il est florissant, dans ces environs, l’élevage de moutons : les bergers, presque tous vieux, sont tellement attachés et solidaires de leurs moutons qu’ils marchent, même eux, à quatre pattes
81.
Je me souviens que dans un de mes nombreux voyages, je fis amitié avec un garçon, lequel, oubliant son orgueil, réussissait, en partant avec peu de sous, à passer de longues vacances
82.
Au moins une fois dans ma vie j’ai été chanceux sur le choix de l’endroit où j’ai passé la nuit
83.
Comme il devait être beau de s’orienter avec les étoiles et de les étudier avec de simple jumelle comme le faisait Galilée
84.
A quoi servent tous ces longues-vues sophistiquées et ces observatoires astronomiques modernes ? Pourquoi approfondir les secrets du firmament et ne pas se limiter à en apprécier la beauté et la perfection ? Et les avions, intrusifs oiseaux mécaniques, pourquoi interfèrent-ils avec la lumière étincelante des astres, flatteuse pour tant d’amoureux ? Comme j’admirais Icare, combattant de l’incrédule monotonie bourgeoise, qui, avec les seuls moyens naturels à sa disposition, vainquit la tyrannique force de gravité
85.
Je voudrais grimper à ces arbres et regarder, des branches les plus hautes, pause et détente des petits amis emplumés, le sous-jacent misérable et rapide du passe-temps ; regarder avec un air de suffisance ceux qui, parce qu’ils se meuvent sur deux pattes, font de l’univers entier leur propriété ; et soutenir ceux qui comme moi cherchent désespérément un petit soulagement à la lourde charge journalière, implacable croix à porter sur les épaules
86.
Je regrette de laisser tant de fourmis qui, en file indienne, sortent de leur tanière à la recherche, presque toujours fructueuse, de quelque chose pour se nourrir ; cela m’attriste de ne plus goûter à l’occupation laborieuse des abeilles, toujours prêtes à adoucir nos petits déjeuners
87.
Quelle gentillesse des singes à m’avoir produit toutes ces bosses avec les noix de coco et quelle générosité des petits oiseaux à m’avoir pris pour cible avec leurs petites boules blanchâtres ! Et la rosée, quelle inopportunité à se poser sur le moteur de la jeep ! Une prochaine fois, je me garderais bien de m’arrêter dans un bois pour la nuit ! l’expérience enseigne, disaient les anciens ! Mais moi, je suis malheureusement un simplet et je me fie aux apparences
88.
Du siège, un ressort pointu, réveillé par les trous de la route fait son apparition en me touchant douloureusement, frein à ma masculinité
89.
Certains hommes, sans doute les plus courageux et les plus décidés, éventrèrent les montagnes arides de l’Ouest et le minéral doré en fut la juste récompense
90.
Pauvres indiens, habiles chasseurs et sans préjugés exécutoires de la volonté de Manitou, ils ne purent rien avec leurs primitives flèches face aux canons et aux terribles Winchester
91.
L’adresse des pionniers à cultiver les champs eut facilement le dessus sur la fascinante et rythmique danse de la pluie
92.
Par ailleurs, quel prestige accordé pour s’en prendre à des êtres inférieurs ? Désormais, on s’amuse avec des êtres de la même race, en patientant beaucoup dans certains cas à cause de la loi, mais en se satisfaisant majoritairement
93.
C’est la loi de la vie, et on ne peut malheureusement pas la changer
94.
Combien de nobles crânes jonchent le sous-sol privés du reste du corps ! Combien de grand-duc et de grande-duchesse remplissent de leur carcasse raffinée les cimetières russes ! Et si Abel avait su que Caïn voulait le tuer, ne l’aurait-il pas, peut-être, tué en premier ? Juste philosophie, cohérente avec la nature de chaque homme
95.
Air de mystère et discipline rigide en font des idoles pour ceux qui comme moi sont fatigués de la vie qu’ils mènent
96.
Quelle figure fit, dans les premiers temps, le « Sir » au chapeau melon, à la vue des chevelures coulantes de ses fils ! Que de grandes affaires faites par les opticiens en cette période : combien de lunettes vendues à ceux qui voulaient distinguer les garçons des filles ! Toute l’atmosphère avait radicalement changée : gaieté, insouciance, amusement
97.
Comme la cocaïne était pesante, annonciatrice de courage et ennemie jurée de la tranquillité, toute aussi voisine des communautés hippies
98.
A combien de choses pensais-je quand elle léchait la glace, compagne quotidienne de nos longues promenades ! Et comme elle hésitait, cette fille naïve, quand je lui offrais une banane : elle était si chaste et aimante de la nature, que dévorer ce fruit était un péché ; elle me regardait et en léchait le sommet, puis se l’enfilait en bouche sans la mordre, en fait, elle la titillait avec la pointe de la langue ; elle s’attristait lorsque je la poussais à la manger ! Je me souviens du dernier jour, lorsque, la bouche parfumée d’ail, je voulus éprouver son amour ; Quel libertin je fus de lui souffler mon haleine à la figure ! A propos, je dois encore lui rendre ses pantoufles
99.
La base cristalline, que des mouvements tectoniques déchirèrent en plusieurs parties en donnant naissance aux volcans, passa de dépôt dans l’ère primaire à des coutres sédimenteux dans l’ère secondaire, en partie de type marin et aussi de type continentale, qui grâce à l’alternance de transgressions et d’admissions de la mer, en clair les marées, se stratifièrent au cours des siècles
100.
Ce n’est seulement qu’au début de l’ère tertiaire, datable d’il y a environ 2 millions d’années, que le Sahara devint définitivement une terre émergée