1.
Challenger tendait une main vers elle, comme dans un geste d’imploration
2.
– La quantité d’oxygène varie d’un cylindre à l’autre, dit Challenger
3.
– Mettez-vous sur ce tabouret, contre mes genoux, et donnez-moi la main, dit Challenger à sa femme
4.
Challenger se pencha, souleva sa femme, la pressa contre sa poitrine, cependant qu’elle lui jetait ses bras autour du cou
5.
Enfin, comme dans un songe, j’entendis la voix de Challenger :
6.
Challenger, déchirée de sanglots
7.
Challenger, les paupières basses, songeait, tenant dans sa grosse main la main de sa femme
8.
– Cela peut faire tout juste la différence du bonheur et du malheur, dit Challenger, rêveur, et caressant la main de sa femme
9.
– À moins qu’il ne se soit trouvé quelqu’un pour voir venir la catastrophe et prendre ses mesures, comme le vieil ami Challenger
10.
– Cela me paraît assez improbable, dit Challenger, pointant sa barbe et rabattant ses paupières
11.
Challenger lui-même y avait succombé
12.
– Fort bien, ronchonna Summerlee, vous pouvez vous sentir de force à entreprendre une trotte de quarante milles ; mais je ne réponds pas de Challenger avec ses jambes courtes ; et pour ce qui est de moi, je suis fixé
13.
– Je n’avais pas l’intention de vous blesser, mon cher Challenger, protesta Summerlee
14.
– Je ne m’entends pas beaucoup à la conduire, fit Challenger, pensif et tirant sa barbe
15.
– Un moment d’absence, répondit complaisamment Challenger
16.
Challenger pleura – au moment où, passant devant une école publique, nous vîmes sur la route une traînée de petites victimes
17.
Il n’y avait pas jusqu’à Challenger et Summerlee qui ne fussent comme écrasés, et tout ce que nous entendions de nos compagnons derrière nous, c’était, de temps à autre, un gémissement de Mrs
18.
– Eh bien, madame, répondit Challenger, bénissez la chance qui nous met sur votre passage
19.
» Et un autre : « Challenger avait-il dit vrai ? Sinistres rumeurs
20.
Mais la cloche était si lourde que Challenger et Summerlee durent ajouter leur poids au nôtre pour qu’un tintement grave nous avertît d’en haut que le battant martelait sa musique
21.
Challenger, accroché au plus bas, tirait de toute son énergie, s’aplatissant, rebondissant, coassant comme une monstrueuse grenouille
22.
Pour ce qui nous concerne, nul doute possible : assis dans le cabinet de Challenger, j’avais à ce moment sous les yeux son chronomètre et j’y lus six heures un quart
23.
Quelles poignées de mains et quels rires nous échangeâmes ! Et comme Mrs Challenger nous embrassa tous d’émotion, avant de se jeter dans les bras de son mari !
24.
« Il ne se peut tout de même pas, s’écriait lord John, que ces gens fussent endormis ! Que diable, Challenger ! vous n’allez pas me faire croire qu’ils fussent endormis, avec ces yeux écarquillés, ces membres raidis, et cette grimace de mort
25.
– Peut-être, en effet, répondit Challenger, étaient-ils simplement dans l’état qu’on appelle cataleptique
26.
En regardant la carte qu’elle présentait sur un plateau, Challenger eut un ébrouement, ses cheveux semblèrent se hérisser
27.
Ce fut le tour de Challenger de se montrer surpris
28.
Challenger et Summerlee traitaient dans un supplément le point de vue scientifique ; on m’avait réservé l’honneur du compte rendu
29.
Après tout, j’avais acquiescé un peu vite aux affirmations de Challenger
30.
– L’aimable Challenger ne jouit précisément pas de la sympathie générale
31.
Cependant, la démonstration la plus éclatante se produisit quand mon nouvel ami le professeur Challenger descendit prendre sa place sur le devant de l’estrade
32.
Challenger sourit avec une lassitude placide, comme aux abois d’une portée de roquets
33.
Sitôt que remuait la barbe de Challenger, avant même qu’il en émit un son, cent voix hurlaient : « La question ! » À quoi, un plus grand nombre répondait en criant : « Conspuez ! À l’ordre ! » Waldron avait beau être un conférencier endurci et un homme énergique ; déconcerté, à la longue, par le tapage, il se troubla, bafouilla, se répéta, s’empêtra dans une longue phrase ; et, tournant des yeux enflammés vers l’endroit de l’estrade où siégeait l’auteur du désordre :
34.
Professeur Challenger, trêve, je vous en prie, à ces interruptions déraisonnables et discourtoises !
35.
Lentement, lourdement, Challenger se souleva
36.
Le président, debout, très excité, frappait dans ses mains, bêlait : « Le professeur Challenger
37.
Challenger semblait profondément assoupi
38.
Puis Challenger, se levant, gagna le bord de l’estrade
39.
Challenger, congestionné, les narines dilatées, la barbe hérissée, est maintenant dans l’état de frénésie de Berserk, le héros Scandinave, quand il voit les champs de bataille
40.
Challenger avança d’un pas et leva la main
41.
Le professeur Challenger répondit que oui
42.
Summerlee désirait savoir comment le professeur Challenger prétendait avoir fait des découvertes dans des régions visitées avant lui par Wallace, Bates, et d’autres explorateurs d’une réputation scientifique établie
43.
Le professeur Challenger répondit que Mr
44.
Le professeur Challenger l’obligerait en voulant bien lui faire connaître la latitude et la longitude du pays où l’on retrouverait des animaux préhistoriques
45.
Le professeur Challenger répliqua que certaines raisons l’inclinaient à garder pour lui ces renseignements, mais que, nonobstant, il les fournirait, sous garanties spéciales, à un comité choisi dans l’auditoire
46.
– En ce cas, dit le professeur Challenger, je propose que l’assemblée désigne l’un et l’autre de ces messieurs pour accompagner le professeur Summerlee dans son voyage, à l’effet de contrôler la véracité de mes déclarations
47.
Comme j’atteignais la sortie, les étudiants se ruaient joyeusement sur la chaussée ; un bras, au-dessus de la foule, se mit à brandir un lourd parapluie, à se lever, à s’abattre ; enfin, le coupé électrique du professeur Challenger démarra, salué par des manifestations diverses ; et sous les lumières argentées de Régent street je me trouvai en marche, seul, mais rêvant de Gladys, et fort en peine de ce que me réservait l’avenir
48.
– Je crois bien que Challenger ne vous a dit que la vérité, déclara-t-il gravement ; j’ai quelque autorité là-dessus, moi qui vous parle
49.
Je l’ai parcouru de bout à bout ; j’y ai passé deux saisons sèches au temps où, comme je vous le disais, je guerroyais contre l’esclavage ; et il m’arriva de recueillir par là des récits du même genre que ceux dont vous a parlé Challenger, des traditions indiennes qui tenaient, sans nul doute, à quelque fond de réalité
50.
Nous convînmes que j’enverrais au journal des récits détaillés de mon voyage, que ces récits prendraient la forme de lettres adressées à Mc Ardle, et qu’ou bien la Gazette les publierait au fur et à mesure de leur réception, ou bien elle les réserverait pour une publication ultérieure, au gré du professeur Challenger, puisque nous ignorions encore les conditions qu’il devait mettre à nous fournir les moyens de nous diriger en pays inconnu
51.
Une troisième tentative, plus tard, dans la journée, n’eut d’autre résultat qu’un fracas terrible, suivi d’un avis du bureau central nous prévenant que le récepteur du professeur Challenger était brisé
52.
Shorlman, vint heureusement nous prendre, pour nous emmener tous loger dans son hospitalière fazenda jusqu’au jour où nous pourrions ouvrir l’enveloppe contenant les instructions de Challenger
53.
À son avis, qu’il nous a signifié dès les premiers jours, Challenger est de mauvaise foi et nous a tous embarqués dans une absurde entreprise où, vraisemblablement, nous ne récolterons que dangers, mécomptes et ridicule
54.
Assis autour d’une table d’osier, nous contemplons une enveloppe scellée où, de son écriture barbelée, le professeur Challenger a tracé les lignes suivantes :
55.
Nous sommes ici par le bon vouloir de Challenger, et pour une démonstration qui l’intéresse ; il convient que nous suivions ses instructions à la lettre
56.
Sans répondre, Challenger entra, serra la main de lord Roxton et la mienne, s’inclina devant Summerlee avec une impertinente gravité, et se laissa choir dans un fauteuil d’osier, qui frémit et craqua sous sa masse
57.
J’ignore les raisons de Challenger pour s’envelopper ainsi de mystère ; justifiées ou non, il ne nous laissa pas le loisir de les discuter ; il nous eût abandonnés séance tenante plutôt que de modifier les conditions auxquelles il subordonnait son assistance
58.
Deux Indiens supplémentaires dont nous avons loué les services, et qui s’appellent Attaca et Ipétu, se trouvent, paraît-il, avoir accompagné le professeur Challenger dans son précédent voyage
59.
L’assurance du professeur Challenger, malgré le scepticisme tenace du professeur Summerlee, me garantit qu’il saura établir le bien-fondé de ses déclarations
60.
Que nos amis d’Angleterre se réjouissent : nous touchons au but ; du moins nous avons déjà démontré dans une certaine mesure la vérité de ce qu’affirme Challenger
61.
Je reconnais que Challenger a la provocation facile et Summerlee la riposte acérée, ce qui aggrave les choses
62.
La nuit dernière, Challenger déclara qu’il n’aimait pas, quand il se promenait sur les quais de la Tamise, regarder en amont, car il ne peut jamais voir sans mélancolie son terme éventuel : il tient en effet pour acquis que Westminster-Abbey lui réserve une sépulture
63.
Challenger a une vanité trop colossale pour qu’un tel propos puisse l’atteindre
64.
Personnellement, je me trouvais avec Challenger : il semblait en état de béatitude ; il se mouvait comme dans une extase silencieuse ; ses traits respiraient la bienveillance
65.
Comme nous avancions sans bruit sur un sol épaissement feutré de végétation pourrissante, nous nous sentions oppressés du même silence qui alourdit l’âme dans le jour crépusculaire de Westminster, et la puissante respiration de Challenger faiblissait presque jusqu’au murmure
66.
J’appris ce jour-là, une fois pour toutes, que Summerlee et Challenger possédaient la plus haute qualité de courage, le courage de l’esprit scientifique, qui soutint Darwin parmi les gauchos de l’Argentine, Wallace parmi les chasseurs de têtes de Malaya
67.
Sourds à l’inquiétant concert des tams-tams, ils observaient le moindre oiseau, le moindre arbrisseau de la rive, avec une attention aiguë et loquace ; le ricanement de Summerlee ripostait au grondement de Challenger ; mais ils ne paraissaient soupçonner le danger non plus que s’ils se fussent trouvés l’un et l’autre paisiblement assis dans le fumoir du Club de la Société Royale de Saint-James Street ; et ils ne firent attention un instant aux Indiens tambourineurs que pour une discussion bien spéciale
68.
– En ce qui concerne la langue, vous avez sûrement raison, accorda Challenger avec indulgence : je ne connais sur ce continent que des langues polysynthétiques
69.
Vers trois heures de l’après-midi, nous atteignîmes un grand rapide, long de plus d’un mille ; c’était le même au passage duquel le professeur Challenger avait éprouvé un désastre lors de son premier voyage
70.
Dès le point du jour, Challenger, nerveux à l’excès, inspectait minutieusement les deux berges
71.
Le matin, je fis, avec lord Roxton, une pointe de deux milles dans la forêt parallèlement au cours d’eau ; et comme sa profondeur diminuait sans cesse, nous revînmes certifier ce qu’avait pressenti Challenger, à savoir que nous avions atteint le plus haut point navigable
72.
Challenger, dès le jour où il nous avait rejoints, avait donné des instructions à toute la troupe, et provoqué par là le mécontentement de Summerlee ; quand, cette fois, il prétendit astreindre son collègue à la simple obligation de porter un baromètre anéroïde, Summerlee se fâcha
73.
Mais que de raisonnements, d’explications et de plaidoiries avant de les amener à composition ! Ils daignèrent enfin se mettre en marche, Summerlee ricanant et mordillant sa pipe, Challenger roulant et grommelant
74.
L’avis de Challenger se trouvant un jour contredit par celui de nos Indiens, nous nous accordâmes, selon le mot indigné du professeur, pour « faire prévaloir l’instinct fallacieux de ces sauvages sur l’opinion la plus autorisée de la culture européenne moderne »
75.
Bien nous en prit, car dès le lendemain Challenger reconnaissait plusieurs jalons de son premier voyage, et nous arrivâmes à un endroit où quatre pierres noircies par le feu marquaient encore la place d’un ancien campement
76.
Le professeur Challenger marchait en avant-garde avec deux de nos indigènes
77.
Challenger ne répondit pas
78.
Challenger se prélasse comme un paon qui a eu le prix au concours et Summerlee se renferme dans un silence encore sceptique
79.
Ma dernière lettre nous laissait à quelque sept milles d’une ligne de falaises rougeâtres qui circonscrivent sans nul doute le plateau dont parlait le professeur Challenger
80.
– C’est là, dit le professeur Challenger, en nous désignant l’arbre, qu’était perché le ptérodactyle
81.
– Je n’ai pas besoin de vous dire, expliquait Challenger, que j’ai naguère tenté par tous les moyens de gravir la falaise
82.
Summerlee, désarmé par la curiosité, n’avait fait aucune résistance pendant que Challenger lui soutenait la tête ; mais repoussant alors son collègue et reprenant sa dignité :
83.
– Je vous saurais gré, professeur Challenger, dit-il, de faire vos remarques sans me tenir le menton
84.
– Mais enfin, la vie existe sur le plateau ! s’écria Challenger, triomphant
85.
– Vous avez certainement raison, prononça Challenger, ou qu’est-ce que cela voudrait dire ? Concevant les dangers de son entreprise, notre pionnier a laissé ce signe derrière lui pour guider au besoin les recherches
86.
– En ce qui concerne l’identité du mort, dit Challenger, elle ne me paraît pas douteuse
87.
– Professeur Challenger, fit-il, d’une voix grave et qui tremblait d’émotion, je vous dois des excuses
88.
Je revois encore Challenger, accroupi, telle une monstrueuse grenouille, près du feu, sa grosse tête dans ses mains, perdu dans ses pensées, et ne prenant pas même garde au bonsoir que je lui adresse avant de m’endormir
89.
Mais quel autre Challenger m’apparut au réveil ! Un Challenger dont toute la personne respirait l’aise et le contentement de soi-même ! Quand nous nous rassemblâmes pour le déjeuner, il y avait dans son regard une fausse modestie qui semblait dire : « Oui, je sais que je mérite tous vos éloges ; mais, de grâce ! épargnez-les à ma pudeur ! » Sa barbe se hérissait d’exultation, sa poitrine se bombait, sa main barrait son gilet
90.
Challenger affirmait la possibilité de gravir l’aiguille ? Mais un effroyable abîme la séparait du plateau
91.
Après le déjeuner, nous défîmes le paquet dans lequel Challenger avait apporté ses instruments d’escalade
92.
Ni Summerlee ni moi ne nous fussions jamais tirés d’affaire si Challenger avec une souplesse qui tenait du prodige chez un être aussi lourd, n’eût le premier gagné la pointe et fixé au gros arbre qui la couronnait une corde qu’il nous lança
93.
– Et non seulement un compatriote, mon bon monsieur, dit Challenger, mais encore, si vous me permettez de poursuivre la comparaison, un allié de la plus haute valeur
94.
Je me souviens de l’avoir dit à notre jeune ami, c’est au pied du mur que George-Édouard Challenger prend tous ses avantages ! Et vous admettrez que la nuit dernière nous étions au pied du mur
95.
Challenger, en grimpant, avait apporté une hache ; il me la tendit
96.
Tous, sans un mot, nous serrâmes la main de Challenger, qui, levant son chapeau de paille, nous salua successivement d’une profonde courbette
97.
Assis sur le tronc du hêtre, Challenger grognait d’impatience
98.
– Maintenant, Challenger, dit lord Roxton, si vous insistez vraiment pour passer le premier
99.
– Première récompense de nos peines, dit Challenger, dans un mugissement pédantesque
100.
Challenger fronça les sourcils ; mais posant sur mon épaule une main apaisante :