1.
Il sourit, fait des grâces, et conte fleurette à chacun de nous
2.
Moins d’une heure après, j’étais assis, il me souvient, dans le pavillon de l’intendant ; je contais fleurette à sa femme ; je buvais et je jouais aux cartes
3.
Toujours sur ses gardes, il évitait les pièges de l’amour, se bornant à se laisser désirer et à conter fleurette à droite et à gauche, voltigeant, suivant l’expression consacrée, de fleur en fleur, à la manière des papillons volages
4.
1 Fleureter : conter fleurette, courtiser
5.
Malheur à la bille qui proteste et veut continuer à conter fleurette à l’ortie, au bois de plomb, aux boutons d’or, à l’herbe à poux, ces plantes des rivages, aux feuilles ailées
6.
« – Voici la combinaison : vous monterez, mignonne, sur la terrasse qui se trouve au haut de votre maison, à l’heure que vous voudrez ou à celle où vous pourrez ; et moi, qui mets mon cœur et ma fortune à vos pieds, je viendrai tous les jours, là, sous le ciel, vous conter fleurette
7.
Elles et eux, se comprenant sur la moindre des choses, faisaient leurs goguettes de rien ; mais moi j’étais pour elles devenu un « monsieur » et si à l’une d’elles j’avais conté fleurette, elle n’eût à coup sûr pas voulu croire à mes paroles
8.
Il fit un lit à Brulette avec les bâtines des animaux, et l'enveloppa bien de tout ce qu'il avait de vêtements de rechange, toujours bien gaiement et sans lui conter davantage fleurette, mais en lui marquant l'intérêt et la douceur qu'il aurait eus pour un petit enfant
9.
Il l'y rejoignit bientôt, et il commençait à lui conter fleurette, quand la porte de ce grenier s'ouvrit de nouveau et le maître d'école parut et demanda :
10.
Vole sur la fleurette ;
11.
– Cet inconnu profiterait-il de mon hospitalité pour conter fleurette à Oroboa, dit le baron avec humeur
12.
Celles-ci chuchotèrent quelque temps, en se montrant les unes aux autres le petit dormeur ; elles vinrent toutes lui adresser un sourire ; chacune d’elles détacha une fleurette de sa coiffure et la jeta à ses pieds, puis elles s’éloignèrent sans bruit et se dissipèrent comme des nuages au milieu des arbres de la forêt
13.
– Jack Dollop, monsieur, un sacré coureur que nous avons eu ici autrefois comme domestique, avait conté fleurette à une jeune femme de Mellstock et l’avait trompée comme il en avait trompé bien d’autres
14.
Un soir de danse, André avait détaché de son bouquet une modeste fleurette dont il s’était paré, puis, avant de la quitter, il lui avait tendu la main
15.
Bertrille côtoyait Lina, mais, de temps en temps, la bonne fille faisait semblant de ramasser quelque fleurette sur le bord du chemin, et restait un peu en arrière pour nous mieux laisser causer
16.
Ses yeux brouillés par l’émotion ne purent déchiffrer la grande écriture qui la recouvrait, mais la fleurette à quatre pétales dessinée à l’encre rouge dans un coin était des plus intelligibles
17.
Ô fille d’Ève ! C’était la première fois que Fleurette usait d’un mot tendre en parlant à son ami d’enfance, et, bien qu’élevée dans l’ignorance des artifices de la coquetterie féminine, elle sentait néanmoins qu’après cela François serait entre ses mains comme une cire molle
18.
François ne désirait qu’une chose, savoir ce qu’il pouvait faire pour Fleurette
19.
Bien entendu, François était tout prêt à partager avec Fleurette cet étonnant secret
20.
Que n’eût-il partagé avec l’être charmant dont il tenait la main frémissante ! La pensée que Fleurette avait confiance en lui, plus qu’en son père, le rendait presque fou de joie
21.
– Je vais vous dire ce que je puis faire, mademoiselle Fleurette, dit-il
22.
Fleurette lui avait passé la cassette et le sac de cuir, et, ce faisant, leurs mains s’étaient souvent – très souvent – rencontrées
23.
– Maintenant, il faut que je retourne à la maison, mon cher François, dit Fleurette, car j’ai bien peur que Louise ne soit inquiète
24.
Heureusement qu’ils étaient toujours dans l’ombre des peupliers, sans quoi François aurait pu voir la rougeur qui enflammait le visage de Fleurette
25.
Peu rassurée, Fleurette essaya de percer l’ombre du regard
26.
François resserra son bras autour des épaules de Fleurette et la pressa si fort contre lui qu’elle pouvait à peine respirer
27.
Était-ce pour retrouver son souffle qu’elle leva son visage vers le sien ? Loin de moi la pensée de supposer un autre motif, mais ceci consomma la défaite du pauvre François : l’instant d’après ses lèvres se posaient sur celles de Fleurette, et un ardent baiser scellait leur jeune amour
28.
Les mots magiques avaient été prononcés : « Je vous aime, Fleurette ! Et vous, m’aimez-vous ? » Éternelle question qui ne demande pour réponse qu’un soupir
29.
La main de Fleurette était dans celle de François qui, de temps à autre, la pressait tendrement
30.
Fleurette était maintenant en sûreté
31.
Il n’était pas question de tenir secrète leur promenade nocturne ; en vérité, Fleurette aurait aimé proclamer par-dessus les toits qu’elle et François étaient fiancés et qu’ils se marieraient dès que cette horrible guerre serait terminée
32.
Comme elle s’y attendait, Fleurette trouva Louise tout inquiète
33.
Fleurette lui en raconta une partie avant de gagner sa chambre
34.
Brave François ! Il ne voulait pas montrer à sa mère combien son cœur saignait parce qu’il devait non seulement quitter ses parents mais encore partir sans dire adieu à Fleurette
35.
Fleurette prend une décision
36.
Fleurette et Louise s’occupaient aux soins du ménage, et si Fleurette allait et venait à travers la maison, silencieuse et mélancolique, c’était parce qu’elle pensait à l’adieu qu’il lui faudrait dire à François dans un avenir proche
37.
Fleurette écoutait, muette d’horreur à la pensée des tragiques complications dans lesquelles son pauvre François se trouvait entraîné
38.
Comme Louise allait la suivre, Fleurette la saisit par la main
39.
– À François, ma bonne Louise, répliqua Fleurette
40.
Mais elle ne posait cette question que pour la forme, car elle savait fort bien ce qui se passait dans la tête de Fleurette
41.
Elle cherchait ce qu’elle pouvait dire, car au fond, elle pensait que l’enfant avait raison et que le citoyen Armand ne ferait pas objection aux accordailles de ces deux jeunesses, lorsque Fleurette reprit doucement :
42.
– Alors, j’irai trouver Pèpe, répliqua Fleurette avec calme
43.
Louise regarda Fleurette droit dans les yeux, ces yeux bleus qui jusque-là n’avaient jamais eu un regard si décidé
44.
Fleurette ne put s’empêcher de sourire devant l’expression embarrassée de la vieille femme
45.
Duflos nous prêtera bien sa voiture et son cheval, dit Fleurette avec entrain
46.
Fleurette avait une robe foncée, des bas épais et ses souliers à boucles, et sa chevelure blonde était enfermée dans un bonnet à ruche
47.
Mademoiselle Fleurette et Madame Louise ne se le rappelaient donc pas ? Quelques-uns de ces brigands de soldats étaient venus la semaine précédente réquisitionner tous les chevaux sur lesquels ils avaient pu mettre la main à plusieurs lieues à la ronde
48.
C’est Fleurette qui lui avait exposé sa requête en arrivant à la porte de la boutique qu’il bloquait de sa personne massive
49.
Fleurette ne put d’abord cacher sa déception ; mais elle n’en était pas moins résolue à partir, et cela sans délai, afin d’arriver à Sisteron avant la nuit
50.
N’était-ce pas une excellente idée ? Que Fleurette retourne tranquillement à Lou Mas avec elle et se donne le temps de réfléchir ; la nuit, souvent, porte conseil
51.
Duflos observait Fleurette, se demandant ce qu’elle pouvait en savoir
52.
Fleurette, de son côté, brûlait de le questionner, mais craignait de perdre du temps en propos inutiles
53.
Fleurette avait l’impression qu’elle allait voir François tourner le coin de la rue et s’avancer vivement à sa rencontre
54.
Il tourna son bon regard vers Fleurette et voyant ses grands yeux bleus fixés sur lui avec une expression d’angoisse, il devina qu’elle était au courant de ce qui était arrivé à François
55.
Comme tout le monde à Laragne, il savait que François Colombe et Fleurette de Lou Mas avaient du goût l’un pour l’autre et qu’on n’attendait sans doute que les dix-huit ans de la jeune fille pour les fiancer tous les deux
56.
Tout le monde aimait Fleurette pour son charme, sa gentillesse et ses jolies manières qui la faisaient ressembler à une demoiselle de la ville égarée dans ce milieu campagnard
57.
Il avait cru que Fleurette connaissait tous les détails de la tragédie du matin
58.
– Voyons, mademoiselle Fleurette, dit-il, essayant gauchement de la réconforter, ils ne feront certainement pas de mal à François
59.
Duflos avait envoyé un vigoureux coup de pied à son commis, mais l’avertissement venait trop tard, et maintenant Fleurette voulait tout savoir
60.
Duflos l’expliqua ensuite à ses voisins, Fleurette avait l’air prête à tout, et l’expression de ses yeux bleus lui avait fait peur
61.
– Voyez-vous, mademoiselle Fleurette, commença-t-il, voilà comment les choses se sont passées
62.
– Les bijoux de madame ! s’exclama Fleurette en essayant de dissimuler l’émotion qui faisait battre son cœur à grands coups
63.
Sans un mot de plus, rapide comme l’éclair, Fleurette avait fait demi-tour, et traversait en courant la place du Marché dans la direction de la Grand-Rue, pendant que M
64.
Elle ne voulait pas perdre Fleurette de vue
65.
Après quoi elle adressa un salut amical au boucher et se dirigea vers la Grand-Rue aussi vite que ses jambes le lui permettaient, ce qui ne veut pas dire aussi rapidement que Fleurette l’avait fait pour franchir la même distance
66.
Aussitôt que Fleurette était entrée dans la boutique, Mme Colombe lui avait tendu les bras, et elle s’y était précipitée
67.
Dès qu’elle sentit que sa vieille amie pleurait aussi, Fleurette releva la tête, sécha rapidement ses yeux et s’efforça de sourire d’un air rassurant
68.
– Justement, madame Colombe, poursuivit Fleurette avec animation
69.
– Mais, madame Colombe, interrompit Fleurette un peu impatientée par ces lamentations, je pars en ce moment pour Sisteron, afin d’expliquer aux gendarmes comment la cassette de bijoux et le sac de cuir ont été pris au château et cachés ensuite dans votre remise
70.
– Non, non, madame Colombe, protesta Fleurette avec énergie
71.
Le mouchoir de Fleurette n’était plus qu’une petite balle humide dans sa main brûlante
72.
Elle ne put en dire davantage, car Louise arrivait à l’épicerie hors d’haleine, mais tout heureuse de trouver Fleurette avec un air tranquille et raisonnable
73.
– Je tiens à voir François si je le puis, répondit simplement Fleurette, mais il faut avant tout que je voie Pèpe
74.
Un petit sentiment de jalousie s’était glissé dans son cœur quand elle avait vu Fleurette s’accrocher à Mme Colombe et lui glisser dans l’oreille des mots qu’elle-même ne pouvait pas entendre, et ce sentiment pénible ajoutait à son malaise
75.
À quoi pensait donc Mme Colombe en encourageant ainsi Fleurette dans son obstination ? Ah ! si seulement M
76.
Et après un dernier soupir et un adieu qui manquait de cordialité, Louise, hochant la tête d’un air lugubre, suivit Fleurette hors du magasin
77.
Tout en marchant, Fleurette et Louise retournaient en elles-mêmes ce problème : comment faire, en arrivant à Sisteron, pour trouver le citoyen Armand ? Sans doute obtiendraient-elles à l’hôtel de ville les indications nécessaires, car la présence d’un personnage aussi important que devait l’être son père ne pouvait passer inaperçue ; mais à cette heure tardive, tous les services publics étaient sûrement fermés
78.
Alors, seraient-elles obligées d’aller au hasard quêter des informations de porte en porte ? Ah ! retrouver Pèpe n’était pas aussi simple que se l’imaginait Fleurette en se mettant en route quelques heures auparavant
79.
– Tant mieux ! dit Fleurette
80.
Toute ragaillardie à la pensée de se retrouver en pays de connaissance, Louise, suivie de Fleurette, traversa le petit jardin d’un pas allègre et entra dans la salle d’auberge, vide à cette heure, où le vieil aubergiste s’avança à leur rencontre
81.
Si Baptiste Portal reconnaissait Mme Louise qu’il n’avait pas vue depuis longtemps ? Bien sûr que oui ! et il était bien content de faire la connaissance de mademoiselle Fleurette dont il avait souvent entendu parler par son frère Onésime
82.
Après avoir fait à Fleurette et à Louise un accueil plein de cordialité, Mme Portal, remarquant leur air las, leur posa tout naturellement cette question : comment se faisait-il qu’elles fussent en route à pied, et si tard ? À quoi Fleurette lui répondit en lui exposant le but de leur voyage
83.
Exclamation découragée de la part de Fleurette qui avait cru toucher au but et voyait le terme de son voyage reculer encore
84.
– Alors, Louise, conclut mélancoliquement Fleurette, ce que nous avons de mieux à faire c’est de partir pour Orange le plus tôt possible
85.
Le tout attaché à un petit ballot formait avec le panier regarni de provisions le seul bagage que Fleurette et Louise emporteraient avec elles
86.
C’est ainsi que laissant les autres voyageurs se débrouiller comme ils le pourraient avec leurs bagages, le patron de l’hôtellerie, bel homme au teint fleuri, se précipita en personne vers Fleurette et sa compagne pour leur offrir le réconfort dont elles avaient certainement besoin, et, tout en époussetant les sièges qu’il leur avançait, se mettre, lui et toute sa maison, à la disposition d’une si charmante cliente
87.
Elle n’avait cessé durant tout le voyage de protester contre la folie d’une telle entreprise et de prophétiser les pires catastrophes, mais elle s’était heurtée au doux entêtement de Fleurette
88.
– Tu ne te souviens probablement pas de moi, citoyenne, dit-il en s’adressant plus particulièrement à Fleurette, mais je te garde une grande reconnaissance pour la bonté que tu as témoignée à mes hommes, il y a quelques jours, en leur donnant à boire sur le pont de Laragne près de ta maison
89.
Ce qui montre que Fleurette avait beaucoup appris pendant ces derniers jours et que le mot « citoyen » lui venait maintenant tout naturellement à la bouche
90.
Fleurette marchait d’un pas léger à côté du lieutenant Godet
91.
Fleurette, intimidée par les vastes proportions de l’édifice, ainsi que par le silence qui y régnait, vit avec un peu de frayeur le soldat placer sa baïonnette en travers de la porte pour barrer le chemin aux intrus
92.
La fille du citoyen Chauvelin ? Qu’est-ce que voulait dire cet homme ? Fleurette intriguée le tira par la manche
93.
Mais l’homme de garde ayant abaissé sa baïonnette, Godet poussa la porte et, l’instant d’après, Fleurette se trouvait en face d’un large bureau couvert de papiers, derrière lequel était son père qui écrivait, la tête baissée
94.
Oubliant tout, sauf le bonheur de retrouver enfin son père, Fleurette poussa une exclamation de joie
95.
Les deux mains de Chauvelin étaient nouées autour du cou de Fleurette et ses doigts enfouis dans ses cheveux dorés
96.
Il était indéniable qu’un mystère planait sur la personnalité du père de Fleurette
97.
Mais c’était de Fleurette qu’il s’agissait, Fleurette qui s’appuyait contre lui tout émue
98.
Fleurette se remit sur ses pieds et dit d’un ton ferme :
99.
– Fleurette, ma chérie, supplia-t-il, essaye de parler plus clairement