1.
Le courtisan prenait Chéri par son faible; 3 et la crainte de voir diminuer son autorité fit tant d'impression sur le roi, qu'il étouffa le bon mouvement qui lui avait donné envie de se corriger
2.
—Oh! quel noble esprit est là en ruines! Courtisan, soldat, savant, le regard, la langue, l'épée! L'attente et la fleur de ce beau royaume, le miroir de la mode et le moule des bonnes formes, le seul observé de tous les observateurs, tout à fait, tout à fait à bas! Et moi, de toutes les femmes la plus accablée et la plus misérable, moi qui ai sucé le miel de ses voeux mélodieux, maintenant je vois cette noble et tout à fait souveraine raison, telle que les plus douces cloches quand elles se fêlent, rendre des sons faux et durs! cette forme incomparable et ces traits de jeunesse épanouie flétris par de tels transports! Oh! le malheur est sur moi! Avoir vu ce que j'ai vu et voir ce que je vois!
3.
Note 42: (retour) Un des contemporains de Shakspeare, Greene, dit, dans son Coup de dent à un courtisan parvenu: «
4.
—Ou d'un courtisan, qui savait dire: «Bonjour, mon gracieux seigneur; comment te portes-tu, mon excellent seigneur?» C'est peut-être monseigneur un tel, qui vantait le cheval de monseigneur un tel, quand il avait dessein de le lui demander49
5.
Par le seigneur Dieu, Horatio, depuis trois ans je remarque ceci: notre siècle est devenu si pointilleux, que le paysan, du bout de son pied, serre d'assez près les talons du courtisan pour lui écorcher ses engelures
6.
Mais je ferai un triste courtisan, je vous en réponds
7.
Le roi était assis au fond de la litière, juste au-dessous de la niche de Notre-Dame; à ses pieds, Quélus et Maugiron tressaient des rubans, ce qui était une des occupations les plus sérieuses des jeunes gens de l'époque, dont quelques-uns étaient arrivés à faire, par une force de combinaison inconnue auparavant, et qui ne s'est pas retrouvée depuis, des nattes à douze brins; Schomberg, dans un angle, faisait une tapisserie à ses armes, avec une nouvelle devise, qu'il croyait avoir trouvée et qu'il n'avait que retrouvée; dans l'autre coin causaient le chapelain et le docteur; d'O et d'Épernon regardaient par les ouvertures et, réveillés trop matin, bâillaient comme les lévriers; enfin Chicot, assis sur une des portières, les jambes pendantes hors de la machine, afin d'être toujours prêt à descendre ou à remonter, selon son caprice, chantait des cantiques, récitait des pasquils ou faisait des anagrammes, selon la fureur du temps, et trouvait dans chaque nom de courtisan, soit français, soit latin, des personnalités infiniment désagréables pour celui dont il estropiait ainsi l'individualité
8.
Marguerite s'avança pleine de grâce et de beauté vers ce jeune homme qui, sans le savoir, venait d'agir en courtisan raffiné
9.
Lorsque, après mon séjour auprès des Dedjazmatchs Guoscho et Birro, séjour qui m'avait donné une certaine notoriété dans le pays, je m'arrêtai en Tegraïe, en allant à Moussawa au devant de mon frère, je ne me montrai pas assez bon courtisan à la cour du Dedjadj Oubié, et ce qui, dans d'autres circonstances m'eût été propice, le tourna encore contre moi
10.
Comminges regarda d'Artagnan de ce regard envieux avec lequel tout courtisan voit poindre une fortune nouvelle
11.
Lorsque le dernier courtisan fut sorti, Catherine ferma la porte derrière lui, et allant à une armoire secrète cachée dans l'un des panneaux de sa chambre, elle en fit glisser la porte dans une rainure de la boiserie et en tira un livre dont les feuillets froissés annonçaient les fréquents services
12.
—Sire, répondit le courtisan en riant, pour avoir l'air de comprendre l'hémistiche du poète de Vénouse, Votre Majesté peut avoir parfaitement raison en comptant sur le bon esprit de la France; mais je crois ne pas avoir tout à fait tort en craignant quelque tentative désespérée
13.
de Blacas s'approchait vivement du baron, mais la terreur du courtisan empêchait de triompher l'orgueil de l'homme d'État; en effet, en pareille circonstance, il était bien autrement avantageux pour lui d'être humilié par le préfet de police que de l'humilier sur un pareil sujet
14.
Un vieux courtisan qui passait par là entendit le royal propos et se jura d’exaucer, dans la mesure du possible, le vœu de sa jeune souveraine
15.
Ce n'est pas autrement que le rustre devient courtisan; le cerveau brûlé, un homme du monde distingué; l'homme ouvert, taciturne; le noble, sarcastique
16.
de Tréville, l'élégant et noble courtisan, Athos, dans ses jours de belle humeur, pouvait soutenir avantageusement la comparaison; il était de taille moyenne, mais cette taille était si admirablement prise et si bien proportionnée, que, plus d'une fois, dans ses luttes avec Porthos, il avait fait plier le géant dont la force physique était devenue proverbiale parmi les mousquetaires; sa tête, aux yeux perçants, au nez droit, au menton dessiné comme celui de Brutus, avait un caractère indéfinissable de grandeur et de grâce; ses mains, dont il ne prenait aucun soin, faisaient le désespoir d'Aramis, qui cultivait les siennes à grand renfort de pâte d'amandes et d'huile parfumée; le son de sa voix était pénétrant et mélodieux tout à la fois, et puis, ce qu'il y avait d'indéfinissable dans Athos, qui se faisait toujours obscur et petit, c'était cette science délicate du monde et des usages de la plus brillante société, cette habitude de bonne maison qui perçait comme à son insu dans ses moindres actions
17.
Comme certain personnage de l'Heptaméron, s'il veut que toutes les femmes soient légères, il en excepte la sienne; et, comme le comte Almaviva le sera en plein xviiie siècle, il est à la fois volage et jaloux, jaloux jusqu'à faire reparaître dans le courtisan le justicier du moyen âge, jaloux jusqu'à séquestrer, à tuer, à empoisonner la coupable
18.
Seldorf a la bassesse dans le sang et il est si parfait courtisan qu’il aimerait cent fois mieux, plutôt que d’être seulement ignoré de moi, se voir traité comme la poussière que je foule aux pieds
19.
Elle a de beaux diamants dans les yeux, la jeune courtisane!—Il a de beaux rubis sur le nez, le vieux courtisan!»
20.
Qu’est-ce que cela voulait dire ? Le parasite allait-il se relever à nos yeux ? Prouver qu’entre nous tous l’âme délicate, c’était la sienne ? L’infortune avait-elle pour lui des charmes ? Allait-il enfin, démentant toutes les traditions de son état, devenir le courtisan du malheur ?
21.
En se résignant ainsi, malgré lui, au rôle de courtisan, Dagobert adoucissait le plus possible sa grosse voix, et tâchait de donner à son austère figure une expression souriante, avenante et flatteuse
22.
– Voyez pourtant, monsieur le bourgmestre, comme les gens les plus justes et les plus capables peuvent être trompés, dit Dagobert redevenant courtisan
23.
La préférence avait été donnée à cette éminence, qui est un peu plus élevée que le Gütsch, et d’où l’on jouit d’une vue plus pittoresque ; ce fut d’ailleurs l’avis de la jeune dame, et, en bon courtisan, le prétendu Madgyar s’empressa de l’appuyer
24.
Serviteur de Jésus, courtisan de Cythère,
25.
[3] Le discours de ce misérable est bien digne d'un courtisan
26.
Wennaël, lui, ne craignait pas de se montrer ostensiblement le courtisan de la vertu et du malheur
27.
Mme d’Arlange ne s’apercevait pas des absences de son courtisan
28.
Ainsi moins d’un mois seulement après son arrivée à la cour, Fabrice avait tous les chagrins d’un courtisan, et l’amitié intime qui faisait le bonheur de sa vie était empoisonnée
29.
Toute cette figure disait : vil courtisan ! « Ainsi, pensa le prince, après l’avoir examinée, je perds ce moyen de la rappeler en ce pays
30.
Le comte se tourna vivement de son côté ; l’âme du courtisan était scandalisée : puis il adressa au prince un regard suppliant
31.
Celui-ci, ravi de l’exil de la marquise Raversi qui facilitait toutes ses actions comme ministre, parla pendant une grosse demi-heure en courtisan consommé ; il voulait consoler l’amour-propre du souverain, et ne prit congé que lorsqu’il le vit bien convaincu que l’histoire anecdotique de Louis XIV n’avait pas de page plus belle que celle qu’il venait de fournir à ses historiens futurs
32.
Est-ce l’effet de quelque ordre donné par son père, ce vil courtisan ? Je croyais cette âme noble et jeune incapable de se ravaler à des intérêts d’argent
33.
» Oui, il faut me brouiller très ostensiblement avec le comte, car je ne veux pas l’entraîner dans ma perte, ce serait une infamie ; le pauvre homme m’a aimée avec tant de candeur ! Ma sottise a été de croire qu’il restait assez d’âme dans un courtisan véritable pour être capable d’amour
34.
Dans cette soirée décisive, je n’avais pas besoin de son esprit ; il fallait seulement qu’il écrivît sous ma dictée, il n’avait qu’à écrire ce mot, que j’avais obtenu par mon caractère : ses habitudes de bas courtisan l’ont emporté
35.
– Je ne vous reprocherai point d’avoir omis les mots injuste procédure dans le billet que vous écrivîtes et qu’il signa, c’était l’instinct de courtisan qui vous prenait à la gorge ; sans vous en douter, vous préfériez l’intérêt de votre maître à celui de votre amie
36.
Clélia était une petite sectaire de libéralisme ; dans sa première jeunesse elle avait pris au sérieux tous les propos de libéralisme qu’elle entendait dans la société de son père, lequel ne songeait qu’à se faire une position ; elle était partie de là pour prendre en mépris et presque en horreur le caractère flexible du courtisan : de là son antipathie pour le mariage
37.
Une seconde conversation n’était possible que lorsque le général annoncerait devoir passer la soirée dans le monde ; et comme depuis la prison de Fabrice, et l’intérêt qu’elle inspirait à la curiosité du courtisan, il avait trouvé prudent de se donner un accès de goutte presque continuel, ses courses à la ville, soumises aux exigences d’une politique savante, ne se décidaient qu’au moment de monter en voiture
38.
Ce courtisan si délié et dont les aperçus faisaient loi dans le monde, eut l’air de remarquer Octave
39.
Tous les êtres non nobles n’étaient absolument rien aux yeux du courtisan
40.
À sa droite, c’est le prince de Nassau, un aventurier de haute extraction, mais un aventurier qui a couru le monde, tour à tour au service de la France et de la Russie, et qui s’est offert, grâce à sa fortune, le luxe de devenir le trésorier des princes, leur chevalier servant, leur courtisan et même leur ambassadeur
41.
– Une telle tâche est impossible aujourd’hui, répondit le courtisan
42.
Il a mieux que le sang-froid du courtisan que rien n’embarrasse, l’impassible grossièreté du maître de tant de secrets honteux ou lamentables, dressé à forcer, comme d’un seul coup de bélier, en quelques mots impitoyables, des âmes d’avance rendues, qu’il serait dangereux de ménager
43.
Cette malheureuse campagne porta à son comble l'exaspération de ce qui restait de la caste militaire égyptienne; sa haine contre le Pharaon Ouaphré, qui s'entourait de troupes ioniennes ou grecques, malgré la terrible leçon donnée à son bisaïeul Psammétik Ier, éclata tout à coup, et les soldats égyptiens révoltés, mettant la couronne sur la tête d'un courtisan nommé AMASIS, marchèrent contre Ouaphré, qui fut vaincu et entièrement défait à Mariouth, où il combattit à la tête de ses troupes étrangères
44.
Une tenue d'états, ou les chambres assemblées pour une affaire très capitale, n'offrent point aux yeux rien de si grave et de si sérieux qu'une table de gens qui jouent un grand jeu: une triste sévérité règne sur leurs visages; implacables l'un pour l'autre, et irréconciliables ennemis pendant que la séance dure, ils ne reconnaissent plus ni liaisons, ni alliance, ni naissance, ni distinctions: le hasard seul, aveugle et farouche divinité, préside au cercle, et y décide souverainement; ils l'honorent tous par un silence profond, et par une attention dont ils sont partout ailleurs fort incapables; toutes les passions, comme suspendues, cèdent à une seule; le courtisan alors n'est ni doux, ni flatteur, ni complaisant, ni même dévot
45.
Tout ce grand raffinement n'est qu'un vice, que l'on appelle fausseté, quelquefois aussi inutile au courtisan pour sa fortune, que la franchise, la sincérité et la vertu
46.
Se dérober à la cour un seul moment, c'est y renoncer: le courtisan qui l'a vue le matin la voit le soir pour la reconnaître le lendemain, ou afin que lui-même y soit connu
47.
Ils profitent cependant de l'erreur publique, ou de l'amour qu'ont les hommes pour la nouveauté: ils percent la foule, et parviennent jusqu'à l'oreille du prince, à qui le courtisan les voit parler, pendant qu'il se trouve heureux d'en être vu
48.
Qui oserait soupçonner d'Artémon qu'il ait pensé à se mettre dans une si belle place, lorsqu'on le tire de sa terre ou de son gouvernement pour l'y faire asseoir? Artifice grossier, finesses usées, et dont le courtisan s'est servi tant de fois, que, si je voulais donner le change à tout le public et lui dérober mon ambition, je me trouverais sous l'oeil et sous la main du prince, pour recevoir de lui la grâce que j'aurais recherchée avec le plus d'emportement
49.
Je ne vois aucun courtisan à qui le prince vienne d'accorder un bon gouvernement, une place éminente ou une forte pension, qui n'assure par vanité, ou pour marquer son désintéressement, qu'il est bien moins content du don que de la manière dont il lui a été fait
50.
» Mais s'il est dévot ou courtisan, qui pourrait le décider sur le portrait que j'en viens de faire? Je prononcerais plus hardiment sur son étoile
51.
Non content de n'être pas sincère, il ne souffre pas que personne le soit; la vérité blesse son oreille: il est froid et indifférent sur les observations que l'on fait sur la cour et sur le courtisan; et parce qu'il les a entendues, il s'en croit complice et responsable
52.
Les roues, les ressorts, les mouvements sont cachés; rien ne paraît d'une montre que son aiguille, qui insensiblement s'avance et achève son tour: image du courtisan, d'autant plus parfaite qu'après avoir fait assez de chemin, il revient souvent au même point d'où il est parti
53.
Qui considérera que le visage du prince fait toute la félicité du courtisan, qu'il s'occupe et se remplit pendant toute sa vie de le voir et d'en être vu, comprendra un peu comment voir Dieu peut faire toute la gloire et tout le bonheur des saints
54.
Qui sait parler aux rois, c'est peut-être où se termine toute la prudence et toute la souplesse du courtisan
55.
Il a exercé dans l'une et l'autre fortune le génie du courtisan, qui a dit de lui plus de bien peut-être et plus de mal qu'il n'y en avait
56.
Ces beaux talents, se découvrent en eux du premier coup d'oeil, admirables sans doute pour envelopper une dupe et rendre sot celui qui l'est déjà, mais encore plus propres à leur ôter tout le plaisir qu'ils pourraient tirer d'un homme d'esprit, qui saurait se tourner et se plier en mille manières agréables et réjouissantes, si le dangereux caractère du courtisan ne l'engageait pas à une fort grande retenue
57.
Que de dons du ciel ne faut-il pas pour bien régner! Une naissance auguste, un air d'empire et d'autorité, un visage qui remplisse la curiosité des peuples empressés de voir le prince, et qui conserve le respect dans le courtisan; une parfaite égalité d'humeur; un grand éloignement pour la raillerie piquante, ou assez de raison pour ne se la permettre point; ne faire jamais ni menaces ni reproches; ne point céder à la colère, et être toujours obéi; l'esprit facile, insinuant; le coeur ouvert, sincère, et dont on croit voir le fond, et ainsi très propre à se faire des amis, des créatures et des alliés; être secret toutefois, profond et impénétrable dans ses motifs et dans ses projets; du sérieux et de la gravité dans le public; de la brièveté, jointe à beaucoup de justesse et de dignité, soit dans les réponses aux ambassadeurs des princes, soit dans les conseils; une manière de faire des grâces qui est comme un second bienfait; le choix des personnes que l'on gratifie; le discernement des esprits, des talents, et des complexions pour la distribution des postes et des emplois; le choix des généraux et des ministres; un jugement ferme, solide, décisif dans les affaires, qui fait que l'on connaît le meilleur parti et le plus juste; un esprit de droiture et d'équité qui fait qu'on le suit jusques à prononcer quelquefois contre soi-même en faveur du peuple, des alliés, des ennemis; une mémoire heureuse et très présente, qui rappelle les besoins des sujets, leurs visages, leurs noms, leurs requêtes; une vaste capacité, qui s'étende non seulement aux affaires de dehors, au commerce, aux maximes d'État, aux vues de la politique, au reculement des frontières par la conquête de nouvelles provinces, et à leur sûreté par un grand nombre de forteresses inaccessibles; mais qui sache aussi se renfermer au dedans, et comme dans les détails de tout un royaume; qui en bannisse un culte faux, suspect et ennemi de la souveraineté, s'il s'y rencontre; qui abolisse des usages cruels et impies, s'ils y règnent; qui réforme les lois et les coutumes, si elles étaient remplies d'abus; qui donne aux villes plus de sûreté et plus de commodités par le renouvellement d'une exacte police, plus d'éclat et plus de majesté par des édifices somptueux; punir sévèrement les vices scandaleux; donner par son autorité et par son exemple du crédit à la piété et à la vertu; protéger l'Église, ses ministres, ses droits, ses libertés, ménager ses peuples comme ses enfants; être toujours occupé de la pensée de les soulager, de rendre les subsides légers, et tels qu'ils se lèvent sur les provinces sans les appauvrir; de grands talents pour la guerre; être vigilant, appliqué, laborieux; avoir des armées nombreuses, les commander en personne; être froid dans le péril, ne ménager sa vie que pour le bien de son État; aimer le bien de son État et sa gloire plus que sa vie; une puissance très absolue, qui ne laisse point d'occasion aux brigues, à l'intrigue et à la cabale; qui ôte cette distance infinie qui est quelquefois entre les grands et les petits, qui les rapproche, et sous laquelle tous plient également; une étendue de connaissance qui fait que le prince voit tout par ses yeux, qu'il agit immédiatement et par lui-même, que ses généraux ne sont, quoique éloignés de lui, que ses lieutenants, et les ministres que ses ministres; une profonde sagesse, qui sait déclarer la guerre, qui sait vaincre et user de la victoire; qui sait faire la paix, qui sait la rompre; qui sait quelquefois, et selon les divers intérêts, contraindre les ennemis à la recevoir; qui donne des règles à une vaste ambition, et sait jusques où l'on doit conquérir; au milieu d'ennemis couverts ou déclarés, se procurer le loisir des jeux, des fêtes, des spectacles; cultiver les arts et les sciences; former et exécuter des projets d'édifices surprenants; un génie enfin supérieur et puissant, qui se fait aimer et révérer des siens, craindre des étrangers; qui fait d'une cour, et même de tout un royaume, comme une seule famille, unie parfaitement sous un même chef, dont l'union et la bonne intelligence est redoutable au reste du monde: ces admirables vertus me semblent refermées dans l'idée du souverain; il est vrai qu'il est rare de les voir réunies dans un même sujet: il faut que trop de choses concourent à la fois, l'esprit, le coeur, les dehors, le tempérament; et il me paraît qu'un monarque qui les rassemble toutes en sa personne est bien digne du nom de Grand
58.
Ces mêmes gens, pour l'ordinaire si flatteurs et si complaisants, peuvent se démentir: quelquefois on ne les reconnaît plus, et l'on voit l'homme jusque dans le courtisan
59.
Le courtisan autrefois avait ses cheveux, était en chausses et en pourpoint, portait de larges canons, et il était libertin
60.
De quoi n'est point capable un courtisan dans la vue de sa fortune, si pour ne la pas manquer il devient dévot?
61.
Quand un courtisan sera humble, guéri du faste et de l'ambition; qu'il n'établira point sa fortune sur la ruine de ses concurrents; qu'il sera équitable, soulagera ses vassaux, payera ses créanciers; qu'il ne sera ni fourbe ni médisant; qu'il renoncera aux grands repas et aux amours illégitimes; qu'il priera autrement que des lèvres, et même hors de la présence du Prince; quand d'ailleurs il ne sera point d'un abord farouche et difficile; qu'il n'aura point le visage austère et la mine triste; qu'il ne sera point paresseux et contemplatif; qu'il saura rendre par une scrupuleuse attention divers emplois très compatibles; qu'il pourra et qu'il voudra même tourner son esprit et ses soins aux grandes et laborieuses affaires, à celles surtout d'une suite la plus étendue pour les peuples et pour tout l'État; quand son caractère me fera craindre de le nommer en cet endroit, et que sa modestie l'empêchera, si je ne le nomme pas, de s'y reconnaître: alors je dirai de ce personnage: «Il est dévot»; ou plutôt: «C'est un homme donné à son siècle pour le modèle d'une vertu sincère et pour le discernement de l'hypocrite
62.
C'est une chose délicate à un prince religieux de réformer la cour et de la rendre pieuse: instruit jusques où le courtisan veut lui plaire, et aux dépens de quoi il ferait sa fortune, il le ménage avec prudence, il tolère, il dissimule, de peur de le jeter dans l'hypocrisie ou le sacrilège; il attend plus de Dieu et du temps que de son zèle et de son industrie
63.
– N’attendez pas que le succès ait fait la foule autour du prince, venez et prenez date pendant qu’il en est temps encore ; plus tard, vous ne serez plus qu’un courtisan ; aujourd’hui, vous serez un ami
64.
À peine si depuis le commencement du bal quelqu’un lui avait adressé la parole, il était seul au milieu de tant de monde, seul avec son chagrin qui le rongeait et le bruit de la danse lui faisait mal, la vue de son frère l’irritait à un tel point que quelquefois en regardant toute cette foule joyeuse et en pensant à lui-même, à lui désespéré et misérable sous son habit de courtisan, il touchait à la garde de son épée et qu’il était tenté de déchirer avec ses ongles la femme dont la robe l’effleurait en passant l’homme qui dansait devant pour narguer la fête et pour nuire aux heureux
65.
J'étais né pour être courtisan
66.
Étant donné le caractère de Saniel et ses habitudes, il semblait que cette amitié ne devait guère avoir d’influence sur lui : médecin, non courtisan ; mais il s’était trouvé que le médecin et le courtisan n’avaient fait qu’une seule et même personne, et que Saniel était devenu le commensal du ministère ; il n’y avait pas de réunions, pas de fêtes sans qu’il y fût invité, et toutes il les acceptait, pour lui aussi bien que pour sa femme
67.
De la part de Thibermesnil, c’était se conduire en bon courtisan, que de montrer à son maître ce chef-d’œuvre de mécanique
68.
Il grommela à un courtisan qui lui offrait son bras :
69.
Et Parlant, qui avait plus de liberté qu’un courtisan, lui dit un jour :
70.
Cette habitude de juger lui devient naturelle, et il ne la change point lorsque la fortune change, de manière que, si la victoire fait entrer dans ses États, dans son palais, un homme devant lequel il ne sera plus lui-même qu'un courtisan, il se met devant le vainqueur aussi bas qu'il voulait voir ses sujets devant lui
71.
William se montra, comme il l’avait été auprès de ses prédécesseurs, son plus plat courtisan
72.
Ah, mon ami ! la décision de la chère dame me frappa comme un coup de tonnerre, et si je n’avais pas compté alors sur la ressource de mes petits talents de courtisan, je me serais levé et enfui à toutes jambes
73.
Michelle sentit frémir la main de son compagnon dans la sienne, pendant qu’un sourire courtisan parcourait les premiers rangs de l’assistance
74.
Et je ne fus surprise, cette fois, ni de son air de courtisan, ni des sentiments royalistes qu’il ne manqua pas d’exhiber
75.
Toutes les métamorphoses, même les plus viles, lui sont bonnes, pour en venir à ses fins ; elle prendrait la figure du plus hideux animal, si cette figure pouvait lui faire emmener dans sa grotte un courtisan de plus
76.
Comme toujours Talouel, courtisan du succès, s’était rangé de son côté : elle réussissait ce qu’elle entreprenait, elle faisait faire à M
77.
On n'ira point lui alléguer les lois de la religion, un courtisan se croirait ridicule: on lui alléguera sans cesse celles de l'honneur
78.
Celle-ci flatte plus un courtisan que la sienne même
79.
Le philosophe Rabaut Saint-Etienne, traître comme un protestant qu'il est, correspond avec le courtisan Montesquieu
80.
Être condamné à l'existence désoeuvrée de courtisan, vivre dans les antichambres, sur les escaliers, dans les jardins ou dans les cours de Versailles et des autres résidences royales, c'était pour sa vanité un sujet d'aigreur et de mécontentement
81.
Un ordre formel interdit au duc du Maine, au comte de Toulouse, aux duchesses de Bourbon et de Chartres de porter le deuil de leur mère; d'Antin se couvrit de vêtements noirs; mais il était trop bon courtisan pour être triste, quand le roi ne l'était point
82.
Tel était l’ajustement d’un petit-maître de ce temps-là, et, dans cette occasion, cette toilette était encore rehaussée par la beauté personnelle et le noble maintien du chevalier, dont les manières participaient également de la grâce d’un courtisan et de la franchise d’un soldat
83.
Voici venir le digne prélat, aussi pimpant qu’un courtisan
84.
L’homme : un type d’avoué retors, plat, piteux, le dos courtisan, un geste perpétuel de s’excuser, de demander grâce, grâce pour ses croix, pour ses palmes, son rang dans cette Académie où sa rouerie d’homme d’affaires servait d’agent de fusion entre tant d’éléments divers à aucun desquels on n’aurait pu l’assimiler, grâce pour cette extraordinaire fortune, grâce pour cet avancement à la nullité, à la bassesse frétillante
85.
Le candidat Moser, figure bouillie, d’expression complaisante, riait d’un rire courtisan, bien qu’un peu gêné par sa fille, mais le philosophe était une influence à l’Académie !
86.
Mais ma mère ne veut pas que j’aie des manières de courtisan : « On commence par lécher le ventre des bonbons, on finit par lécher
87.
Non pas que l’homme soit un courtisan et ait commis une lâcheté – il est, au contraire, un raide et un inflexible
88.
Il ne faut donc pas s’étonner qu’Edgar, n’ayant encore que peu d’expérience des hommes, supposât à ce courtisan consommé plus de sincérité qu’on n’en trouverait probablement dans une vingtaine de personnes de cette classe
89.
Partie sérieuse, comme on voit, et qui enfiévrait les joues du Nabab, pendant que dans les glaces biseautées de son coupé il étudiait sa mine, ses sourires de courtisan, cherchant à se préparer une entrée ingénieuse, un de ses coups d’effronterie bon enfant qui avaient causé sa fortune chez Ahmed et le servaient encore auprès de l’Excellence française, – le tout accompagné de battements de cœur et de ces frissons entre les épaules qui précèdent, même faites en carrosse doré, les démarches décisives
90.
Pas un défenseur, pas un ami dans cette meute vorace ; la colonie franque elle-même paraissait satisfaite de la chute d’un courtisan qui avait si longtemps obstrué en les occupant tous les chemins de la faveur
91.
Le courtisan qui se ruine pour un vain titre ou un pouvoir dont il ne saurait user en homme sage, l’avare qui accumule d’inutiles trésors, le prodigue qui dissipe les siens, sont tous un peu marqués au coin de la folie
92.
Au jeu, il retournait le roi avec un bonheur que personne ne se permettait de trouver insolent ; il buvait toujours sans paraître jamais gris, et quoiqu’on ne lui connût point de tailleur, il était mieux fourni de manteaux que le courtisan le plus accommodé
93.
– Le drôle a le goût bon, et sait flatter aussi bien qu’un courtisan, murmura intérieurement Vallombreuse ; oui, le noir m’ira bien ! Isabelle, d’ailleurs, n’est point femme à s’éblouir devant des orfrois de brocarts et des bluettes de diamants
94.
– Sans doute, notre digne père est un gentilhomme accompli, prudent au conseil, hardi à l’action, parfait courtisan chez le roi, grand seigneur chez lui, docte et disert en toutes sortes de sciences ; mais le genre d’amusement qu’il procure est un amusement grave, et je ne veux pas que ma chère sœur consume sa jeunesse d’une façon solennelle et maussade
95.
» Le prince dit ces mots avec la fine malice et le sourire spirituel du courtisan comme s’il ne savait pas dès longtemps qu’Isabelle aimait Sigognac ; mais il était de sa dignité de père de paraître l’ignorer, tout en laissant entrevoir qu’il n’en doutait aucunement
96.
C’était son arrêt de mort, sans sursis, signé par ce tyran dont, pendant des années, il avait été l’assidu courtisan : l’opinion
97.
L’enfant s’éloigna, plus fier du sang qui sortait de sa blessure que le courtisan le plus vain aurait pu l’être d’une brillante décoration, et il alla rejoindre ses jeunes compagnons, pour qui il était devenu un objet d’admiration et d’envie
98.
Le ministre fait le pas de courtisan, de flatteur, de valet ou de gueux devant son roi
99.
– Il serait préférable, sire, disait le courtisan, que Sa Majesté laissât la justice suivre son cours, sans songer à réformer, à abroger des lois auxquelles Henri VIII a dû la solidité de son trône, et sans se montrer débonnaire pour un peuple qu’on ne peut contenir que par l’oppression